Brexit: les passagers de l'Eurostar victimes collatérales de la crise britannique

Un Eurostar - Image d'illustration - PHILIPPE HUGUEN / AFP
Initialement prévu pour le 29 mars, le Brexit n’en finit plus d’être repoussé, débattu, critiqué outre-Manche. Ce divorce d’avec l’Union européenne, pourtant voulu par une majorité des insulaires en juin 2016, semble peu à peu plonger la Grande-Bretagne dans une inexorable crise dont la Première ministre, Theresa May, n'arrive pour le moment pas à sortir.
Et cet imbroglio, en plus des conséquences proprement britanniques qu'il engendre, fait également des dommages collatéraux inattendus. Ainsi, depuis maintenant plusieurs jours, les passagers de l'Eurostar, qui relie quotidiennement Paris et Londres, voient leurs voyages retardés de plusieurs heures.
Grève du zèle et manque de moyens
La cause? La grève du zèle des douaniers qui, côté français, réclament plus de moyens supplémentaires à l'approche du Brexit. Si dans la semaine le ministère de la Transition écologique et solidaire avait accordé à la filiale française d’Eurostar (EFR) une licence ferroviaire qui permettra aux trains de circuler même en cas de sortie de l'Europe sans accord, les agents réclament quant à eux l'augmentation de leur allocation complémentaire et une hausse des effectifs.
Par conséquent, et en raison de contrôles de douanes plus poussés et plus longs Gare du Nord - les agents contrôlent 1 bagage sur 6 au lieu d'1 sur 20 en temps normal - les délais d'attente se rallongent. Comme en témoigne une passagère au micro de BFMTV, plusieurs centaines de personnes forment une queue compacte et peuvent attendre jusqu'à 6 heures avant d'embarquer.
"Normalement à Gare du Nord, il y a des escalators pour monter jusqu’aux douanes. Mais là, non seulement les gens n’arrivent pas jusqu’aux douanes, mais la queue fait tout le tour de la gare, c’est abominable, je n’ai jamais vu ça", explique-t-elle.
Grogne sur les réseaux sociaux
Une situation qui, assez logiquement, fait monter la grogne parmi les voyageurs. Sur Twitter, nombreux sont ceux à partager des photos, impressionnantes, de la file d'attente.
"Je pensais que les grèves étaient terminées?", s'étonne un passager britannique. Ce lundi matin, la situation ne semblait pas s'être améliorée dans la gare parisienne, et l'attente pouvait encore dépasser plusieurs heures.
Ce dimanche, un problème au niveau de la machine à rayons X est venu se conjuguer au mouvement social assurent plusieurs témoins. Sur notre antenne la semaine passée, Nicolas Oudin, membre du syndicat douanier CGT, avait d'ailleurs prévenus des dysfonctionnements de ce dispositif, reçu récemment.
Face à cette grève, le gouvernement a proposé une augmentation de 55 euros net pour tous les agents, soit une enveloppe de 14 millions d'euros. Mais cette proposition a été jugée insuffisante par les syndicats, qui ont prévu de continuer leur mouvement dans l'attente d'une nouvelle proposition de Bercy.
D'ici là, la SNCF conseille à ses usagers d'éviter d'emprunter l'Eurostar. 37 trains devraient être supprimés jusqu'au 31 mars.