Bisphénol A : une nouvelle étude sur ses effets nocifs

Le bisphénol A est présent dans les contenants alimentaires : bouteilles en plastique, boîtes de conserve ou canettes. - -
Canettes, boîtes de conserve ou bouteilles en plastique : le bisphénol A est présent dans les contenants alimentaires depuis une cinquantaine d’années. Une nouvelle étude publiée dans les PNAS (revue de l’Académie des sciences américaines) montre que ce composé peut avoir des effets négatifs sur le système de reproduction de la femme.
La nouveauté de cette étude, c'est qu'elle n'a pas été faite sur des rats mais sur des primates. Des singes dont le système reproductif est très proche du notre. Et le résultat est sans appel: les femelles exposées à des doses régulières de bisphénol A produisent moins d'ovules. Ces ovules sont moins résistants, et donc facteur d'avortement ou de malformations congénitales.
Et pour l'heure, les scientifiques reconnaissent la dangerosité de ce composant chimique sur les animaux mais pas sur l'homme.
Interdiction du bisphénol A dès janvier 2014
Face aux nombreuses études, le gouvernement a décidé d'interdire, à partir de janvier 2014, l'utilisation du bisphénol A dans tous les contenants alimentaires comme les bouteilles en plastique rigides, les boites de conserve ou des cannettes. Le gouvernement veut laisser aux industriels le temps de trouver un produit de substitution. Mais l'utilisation totale du bisphénol A dans les produits destinés aux enfants devrait être interdite dès le 1er janvier 2013.
« Il faut prendre des décisions »
Pas assez tôt pour l’ONG Réseau Environnement Santé : « Sur un an, il y aura eu 800 000 naissances, 800 000 nourrissons qui auront dans leur empreinte génétique la trace de l’exposition au bisphénol de leur mère, puisque 95% des femmes sont imprégnées en bisphénol, alerte André Cicolella, président de l’ONG et chercheur à l’INERIS (Institut national Environnement industriel et des Risques). On a substituts possibles, les matériaux existent, qu’il s’agisse de plastique ou de boîte de conserve. Il n’est pas nécessaire d’être scientifique pour comprendre que quand il y a 700 études qui, à 95%, disent la même chose, sur toutes les espèces animales, la souris, le rat, le singe, qu’il faut prendre des décisions ».
« Problème de la rouille »
Pourtant selon Gérard Bapt, député PS de Haute Garonne, président du groupe "santé environnement" à l'Assemblée Nationale, les industriels ont besoin d’un peu de temps pour trouver un substitut au bisphénol : « Aujourd’hui les industriels, notamment en Europe, nous affirment que n’est pas encore résolu le problème de la protection contre la rouille dans les parois métalliques, explique-t-il. Reste à faire le bilan de ce qui se fait dans certains états américains ou canadiens où d’ores et déjà le bisphénol est interdit dans tous les contenants alimentaires. Ça pose aussi des problèmes de contrôle aux frontières si cette interdiction ne valait que dans notre pays, donc je vois mal comment on pourrait avancer la date du 1er janvier 2014 ».