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Prédateur féroce, proche du T.Rex: des scientifiques identifient un dinosaure inconnu en Argentine

Vue du Llukalkan aliocranianus par l'artiste Jorge Blanco.

Vue du Llukalkan aliocranianus par l'artiste Jorge Blanco. - Capture d'écran YouTube

Une équipe de scientifiques a partagé sa découverte hors du commun dans une revue spécialisée: un spécimen de dinosaure, totalement inconnu jusque là, ayant parcouru l'actuelle Patagonie il y a 80 millions d'années.

C'est une extraordinaire trouvaille qui s'est étalée mardi sous les yeux des lecteurs - très avertis et, on le devine, peu nombreux - du Journal of Vertebrate Paleontology, avant d'être relayée par le site de CNN. Une équipe de scientifiques travaillant en Patagonie, la région australe de l'Argentine, a découvert les restes, comportant notamment un crâne dans un état de conservation exceptionnel, d'une espèce de dinosaures jusqu'alors inconnue des savants. Ils ont été exhumés du côté de La Invernada, sur le site de la formation Bajo de la Carpa.

Si les travaux des scientifiques, qui leur ont permis d'identifier le profil et de détailler l'apparence du dinosaure, viennent donc d'être portés à la connaissance du public, la découverte proprement dite a été réalisée en 2015. Elle doit tout à l'imprévu: à l'origine, les paléontologues étaient venus gratter la terre dans l'espoir d'en dégager les reliquats d'un herbivore repérés un an auparavant. Mais vers la fin du chantier, ils ont subitement vu saillir du sol les os d'un dinosaure différent. Ils ont vite compris qu'ils avaient affaire à un tout autre spécimen.

Un crâne insolite

Pour faire les présentations avec le reste de la communauté scientifique puis avec le grand public, l'équipe ayant déterré cet individu d'un genre inédit lui a donné un nom: Llukalkan aliocranianus. CNN précise que "Llukalkan" signifie "Celui qui fait peur" en langue Mapuche, un peuple amérindien local, et que "aliocranianus" renvoie à une expression latine qu'on pourrait traduire par "crâne insolite".

Qu'avait-il de si insolite? Il est décrit à la fois comme très profond et très court et surmonté initialement de cornes, de crêtes, de bosses. C'est l'examen de ce crâne qui a amené les experts à aller plus loin. Ils ont établi l'existence, au milieu de la zone auriculaire, d'un petit sinus rempli d'air qui permet de penser qu'il entendait plus finement que ses congénères, peut-être aussi bien que nos crocodiles.

Un abélisauridé

"Congénères", car les experts ont également réussi à le rattacher à une famille connue de dinosaures: les abélisauridés. Les abélisauridés étaient des théropodes, comme les tyrannosaures. Un point commun qui explique un air de famille. En effet, le Llukalkan aliocranianus ressemblait au T. Rex. Long de cinq mètres au moins, il avait ses bras courts et potelés. Il avait surtout sa mâchoire puissante.

Cette mâchoire, cette ouïe fine ont fait de lui un grand prédateur pour la faune environnante. D'autant que le Llukalkan aliocranianus présentait un autre atout.

"Avec son odorat très développé, ces qualités lui ont conféré de grandes capacités", a notamment remarqué Federico Gianechini, auteur principal de l'étude publiée mardi, affilié à l'Université nationale de San Luis en Argentine, auprès de CNN.

Stoppé en plein élan

Le système auditif du Llukalkan aliocranianus est aussi le signe de la bonne santé des abélisauridés jusqu'à l'extinction des dinosaures il y a 66 millions d'années environ.

"Ces dinosaures empruntaient encore de nouveaux chemins de l'évolution et se diversifiaient rapidement juste avant de s'éteindre complètement", a ainsi argumenté Ariel Mendez, paléontologue à l'Institut de géologie et de paléonthologie de Patagonie, un des auteurs des travaux.

Certes, c'est donc en Patagonie qu'on a retrouvé la trace de cette espèce de dinosaure. Mais les scientifiques pensent qu'il a dû traîner en son temps ses guêtres et ses griffes non seulement en Amérique du sud mais aussi en Afrique, en Inde, en Antarctique et en Australie, des terres alors rassemblées au sein d'un supercontinent appelé par les spécialistes le Gondwana.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV