Pour éviter un effondrement de la biodiversité, des ingénieurs veulent construire une arche sur la Lune

L'éclipse totale de Lune de mai 2004, vue depuis Montpellier. (photo d'illustration) - Dominique Faget - AFP
Selon certains scientifiques et penseurs, le volume des activités humaines serait devenu tellement important à présent qu'il menacerait de déséquilibrer irrémédiablement le cours de la planète - une ère qu'ils qualifient d'anthropocène. Au point qu'un effondrement de la biodiversité et des ressources serait désormais une hypothèse probable à plus ou moins long terme. Cette perspective est au centre d'un courant appelé la collapsologie.
Et elle est la toile de fond du projet pour le moins ambitieux présenté au début du mois par des ingénieurs américains, et relayé ici par CNN ce mardi.
Ces chercheurs affiliés à l'Université d'Arizona imaginent en effet d'aménager sous la surface de la Lune un réseau de tunnels et de grottes et d'y enfouir les graines, oeufs et semences cryogénisés de 6,7 millions d'espèces parcourant la Terre, afin de les préserver et de prévenir une catastrophe écologique définitive, l'écroulement de notre biodiversité, un scénario qui mettrait de sucroît en péril l'existence même de l'humanité.
Souscrire une "assurance mondiale"
Ils ont même composé une première esquisse de cette arche lunaire: un système d'ascenseurs permettant de descendre vers des modules de cryogénisation souterrains et donc protégés des rayons solaires ou encore des températures extérieures. Ils assurent que des tunnels de 100 mètres de diamètre, creusés par des coulées de lave et découverts en 2013, pourraient être mis à contribution pour héberger ce qu'ils appellent une "police d'assurance mondiale moderne".
Jekan Thanga, professeur en ingénierie mécanique et aérospatiale de l'Université d'Arizona, a ainsi expliqué dans un communiqué repris par CNN: "La Terre est un environnement naturellement volatile. En tant qu'êtres humains, nous sommes déjà passés à deux doigts de tout perdre il y a environ 75.000 ans avec l'éruption du supervolcan Toba, qui a causé une période de refroidissement de 1000 ans et, selon certains, a provoqué une chute de la diversité humaine."
250 fusées et quelques obstacles
Les scientifiques impliqués dans cette réflexion sont allés jusqu'à estimer le nombre des échantillons à prévoir - arrêtant le nombre de 50 spécimens pour chacune des 6,7 millions d'espèces qui feraient le voyage vers la Lune - mais aussi le nombre de fusées nécessaires pour accomplir cette odyssée: en tout, 250.
Toutefois, ce projet est à ce stade irréalisable, remarque la télévision américaine: d'une part, il requiert un certain nombre d'avancées en matière de technologie cryo-robotique car le matériel existant n'est pas capable d'assurer sans dommage les températures indispensables à cette préservation des espèces ; de l'autre, on ne connaît pas l'effet de l'absence de gravité sur les extraits qui seraient envoyés sur la Lune ; enfin, il faudrait encore pouvoir partager les informations entre cette arche et la Terre.
