Vaccins: le plan de Marisol Touraine pour redonner confiance aux Français

La défiance des Français vis-à-vis de la vaccination gagne du terrain. - AFP
C'est une première. En France, la couverture vaccinale a chuté de 5% chez les nourrissons âgés de zéro à neuf mois, entre 2014 et 2015, selon un chiffre de l'Institut national de veille sanitaire (InVS) dévoilé ce mardi par Europe1.
Ainsi, la vaccination est en baisse sur plusieurs vaccins de base chez les bébés, comme le vaccin hexavalent, qui immunise notamment contre la diphtérie, le tétanos, la polio et la coqueluche, et le vaccin Prevenar, qui protège contre la pneumonie à pneumocoques. Or, pour la plupart de ces infections, il faut un taux de couverture vaccinale supérieur à 90% pour protéger la population.
"Etats généraux" sur la vaccination
Pourquoi cette baisse? La pénurie de vaccins en France, entraînée depuis un an par l'explosion de la demande mondiale, n'explique pas tout. La défiance des Français vis-à-vis de la vaccination gagne du terrain: un tiers des Français ne font plus confiance aux vaccins. En outre, les Français commencent à se détourner de certains vaccins, comme celui contre la grippe ou les papillomavirus, responsables du cancer du col de l'utérus.
Pour y remédier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé mardi une "grande concertation citoyenne sur la vaccination" cette année, qui pourrait déboucher sur une évolution de la politique vaccinale française, notamment sur les vaccins obligatoires.
"La montée d’interrogations, de doutes, parfois même de suspicions, aboutit à fragiliser la parole publique", a expliqué au Monde la ministre de la Santé, Marisol Touraine. "Répondre à la défiance est aujourd’hui un enjeu de société".
Maintien ou non de la vaccination obligatoire?
La vaccination obligatoire est-elle condamnée ? Pendant des années, les autorités sanitaires ont minimisé les inquiétudes des Français sur la question des vaccins obligatoires et de leurs éventuels effets secondaires, réels ou supposés, refusant d'ouvrir le débat. L'enjeu de ces "états généraux" est de déterminer s'il est pertinent ou non de maintenir une distinction entre vaccins obligatoire et vaccins recommandés.
En France, seuls trois vaccins sont obligatoires: contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP). Les autres ne sont que recommandés. Or des maladies comme l'hépatite B ou les infections à papillomavirus, contre lesquelles la vaccination n'est que recommandée, ont des conséquences comparables, voire plus lourdes, en matière de santé publique, que les maladies contre lesquelles la vaccination a été rendue obligatoire.
Menée sous la houlette du Pr Alain Fischer, professeur d'immunologie pédiatrique, la concertation citoyenne aura pour objectif de formuler, "dès décembre 2016", des propositions sur l'évolution de la politique vaccinale et notamment le maintien ou non des vaccins obligatoires.
Mesures très concrètes
Outre la tenue de ce grand débat national, Marisol Touraine a dévoilé ce mardi une série de mesures qui pourraient rapidement être mises en œuvre: mise en place du "carnet de vaccination électronique", qui devrait permettre d'améliorer le suivi des vaccinations; mise en place d'un "comité des parties prenantes" regroupant médecins, experts et usagers, afin de faciliter "la compréhension mutuelle"; rattachement du comité technique à la Haute Autorité de santé, "pour renforcer son indépendance".
Enfin, le plan d'action prévoit aussi de lutter contre les problèmes d'approvisionnement, en obligeant les laboratoires qui produisent les vaccins inscrits au calendrier vaccinal à mettre en place des plans de gestion des pénuries, notamment en constituant des stocks réservés à la France.