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Santé

"Une forme de semi-confinement des non-vaccinés": Alain Fischer soutient l'introduction du pass vaccinal

Le professeur Alain Fischer lors d'une conférence de presse gouvernementale en février 2021.

Le professeur Alain Fischer lors d'une conférence de presse gouvernementale en février 2021. - STEPHANE DE SAKUTIN

Selon le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, interrogé sur France Inter ce lundi, la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal est nécessaire. Mais elle ne sera pas forcément suffisante.

Il est pour. Invité de la matinale de France Inter, le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale Alain Fischer a approuvé le projet de transformation du pass sanitaire en pass vaccinal. L'immunologue a toutefois tenu à prévenir: il ne s'agira pas d'une solution miracle.

"Il faut essayer tous les moyens raisonnables pour pousser à la vaccination, dont fait partie la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal. Mais il ne faut pas penser que le pass vaccinal réglera tous les problèmes, il faut aussi poursuivre la politique d’aller vers ces personnes", a-t-il argumenté.

Alain Fischer espère au bas mot que 10% des 6 millions de personnes n'ayant reçu aucune dose d'un vaccin anti-Covid se décident à recevoir une première injection par la force de ce pass vaccinal.

Car selon Alain Fischer, le pass vaccinal diffère d'une simple obligation vaccinale. A la question de savoir pourquoi l'injection des doses de sérum n'a pas été rendue intangible pour l'ensemble de la population, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale invoque "le contrôle" induit par le pass.

"Dans quelles conditions on contrôle l'obligation vaccinale?", pose-t-il la question à la cantonade sur le plateau de France Inter.

"Le pass vaccinal signifie deux choses: il permet de délivrer un message aux personnes en leur disant qu’on ne peut pas avoir une activité sociale sans être vacciné parce que l’on risque de se contaminer et de contaminer les autres. C’est une forme de semi-confinement des personnes qui ne sont pas vaccinées; d’autre part, c’est une très forte incitation à la vaccination", martèle Alain Fischer.

"Se vacciner, c'est pour soi et pour les autres", appelant à réaliser l'administration des doses requises par "solidarité" avec les individus les plus fragiles et les plus exposés au virus.

Omicron dans le sillage de Delta

Alain Fischer, est également revenu sur l'émergence fulgurante du variant Omicron, dont la flambée est à l'origine de nouvelles restrictions dans plusieurs pays européens. Pour l'immunologue, il n'y aura pas de pause entre les 5e et 6e vagues.

"Malheureusement, la vague Delta va être suivie par la vague Omicron parce que ce virus est infiniement plus transmissible, plus contagieux que les variants précédents, a-t-il affirmé. Il faut prendre les mesures pour l'affronter".

Certains de nos voisins européens, fortement touchés par une envolée des cas de contamination du variant détecté en Afrique du Sud, ont d'ores et déjà instauré de nouvelles mesures restrictives: confinement de la population aux Pays-Bas depuis ce dimanche, fermeture des lieux culturels et de sociabilité au Danemark, "procédure d'alerte" à Londres, entre autres.

L'exécutif français repousse pour l'heure de nouvelles fermetures d'espaces accueillant du public, depuis celle des discothèques et autres bars dansants. Cette question des mesures supplémentaires à adopter se pose au regard "des adaptations à faire en fonction de ce qu'il se passe.

"Chaque pays aujourd'hui en Europe a pris des mesures de restriction plus ou moins fortes. Les adaptations viendront en fonction du degré d'augmentation", précise Alain Fischer, laissant ainsi entrouverte la porte d'un potentiel durcissement des restrictions sanitaires.

Objectif: éviter la surcharge hospitalière

Alain Fischer prône également un changement de boussole, où l'incidence ne serait plus au coeur des prises de décision en matière de restrictions.

"Le point critique, c'est d'éviter autant que faire se peut les hospitalisations supplémentaires, les séjours en soins critiques et les décès. C'est ce paramètre qui doit décider de l'adoption de mesures supplémentaires", explique celui qui est surnommé le "Monsieur Vaccination" du gouvernement.

Par ailleurs, Alain Fischer a voulu se montrer rassurant au sujet de l'efficacité des différents vaccins mis en circulation contre le variant Omicron, indiquant que les données disponibles pour l'heure indiquent "les vaccins protègent".

Ce lundi, la Haute autorité de Santé doit émettre son avis définitif concernant l'ouverture de la vaccination à tous les enfants, ce qui constituerait une nouvelle étape déterminante dans la lutte contre le Covid-19 et ses variants.

Hugo Roux