"L'allègement des mesures doit être progressif": les médecins envisagent la sortie de l'épidémie

"Il est prématuré pour tout pays de crier victoire". L'alerte a été lancée ce mardi par le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Certes, il n'est pas question pour la France de "crier victoire" mais le calendrier fixé par l'exécutif est pour le moment tenu. Ainsi, le premier volet de l'allègement des mesures anti-Covid-19 dans l'Hexagone intervient ce mercredi.
La journée voit notamment la fin des jauges dans les enceintes sportives et culturelles, la fin de l'obligation du port du masque en extérieur. Et ce, malgré une circulation toujours active du virus sur notre territoire. Mardi soir, Santé Publique France recensait 416.896 nouveaux cas, 3147 nouvelles admissions et 32.894 patients Covid hospitalisés. Dans le sud de la France, le taux d'incidence avoisine encore les 4000 cas pour 100.000 habitants. Mais pour les praticiens et scientifiques invités sur notre plateau ce mercredi matin, il est d'ores et déjà possible de vivre avec la maladie, voire de penser les modalités de la sortie de l'épidémie.
"Plateau descendant"
Réfutant l'idée d'une contradiction entre la présence encore roborative du virus et la réduction des contraintes, Jean-Louis Teboul, chef de service médecine intensive et réanimation à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre a reconnu: "Ce sont de petites mesures d’allègement. Le masque à l’extérieur, on n’était pas certain qu’il était nécessaire."
"La phase d’allègement des mesures doit se faire progressivement", a lancé quant à lui, en duplex, Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de santé publique à l'Université libre de Bruxelles.
De surcroît, Jean-Louis Teboul a estimé que la situation n'était pas partout alarmante. "En Île-de-France, le nombre de cas semble diminuer. Le nombre d’hospitalisations conventionnelles est en train de diminuer. Le nombre de patients en réanimation diminue aussi", a-t-il mis en exergue, ajoutant:
"On est en décrue lente, en plateau descendant."
Les non-vaccinés prolongent la tension hospitalière
Comment expliquer cette lenteur? Le médecin s'est notamment penché sur la longueur des séjours en réanimation.
"Ça baisse lentement en réanimation car les patients restent longtemps".
Pourtant, les premières observations du variant Omicron promettaient une réduction de la durée des hospitalisations. Mais la règle ne semble pas s'appliquer aux services de soins intensifs. "Omicron est une maladie grave dès lors qu’on est en réanimation", a objecté Jean-Louis Teboul, qui a pointé une létalité de 25 à 30% parmi les patients de ces unités de soins critiques.
"Omicron, c’est un simple rhume chez les gens vaccinés avec dose de rappel. Ce n’est pas du tout le cas chez les non-vaccinés ni chez les immunodéprimés", a-t-il complété.
Justement, les chiffres officiels dessinent un ensemble de 4,3 millions de Français éligibles à la vaccination et continuant à faire l'impasse. "Je ne pense pas que ce soit eux qui nous empêchent de sortir de la phase épidémique", a toutefois contré Yves Coppieters qui a éclairé: "Omicron circule abondamment, le B.A.2 aussi. C’est un variant qui touche les vaccinés comme les non-vaccinés en termes de contamination."
"Ce sont en revanche les non-vaccinés avec facteurs de risque qui freinent le fait qu’on n’arrive pas à enlever cette pression sur l’hôpital et les soins conventionnels", a-t-il toutefois prolongé.
