INFOGRAPHIES. "Une situation sanitaire délicate": où en est la quatrième vague en France?

Des soignants s'occupent d'un patient dans une unité dédiée aux malades du Covid-19 à l'hôpital de Bastia, sur l'île méditerranéenne française de Corse, le 5 août 2021 - Pascal POCHARD-CASABIANCA © 2019 AFP
"Sous l'effet du variant Delta, la situation sanitaire est plus que délicate". Emmanuel Macron a pris la parole ce mercredi en ouverture d'un nouveau conseil de défense sanitaire. L'occasion pour le chef de revenir sur la crise que subissent les Antilles françaises où "un scénario d'urgence est désormais devant nous".
L'épidémie progresse toujours, mais moins vite
Selon les dernières données de Santé Publique France rapportées par le site Covid Tracker, 22.500 cas quotidiens ont été en moyenne détectés chaque jour entre le 1er et le 7 août dernier, soit une hausse de 3,5% en l'espace d'une semaine. L'épidémie progresse donc encore à l'échelle nationale, mais elle progresse bien moins vite que lors des précédentes semaines. Preuve en est le taux d'incidence qui était de 232 cas pour 100.0000 habitants la semaine dernière. Il était de 224 la semaine précédente et de 189 la semaine d'avant, signe que le virus et notamment le variant Delta circule toujours, mais moins rapidement qu'en juillet.
Un bon signe? Anne Sénéquier, co-directrice de l'observatoire de la santé mondiale à l'institut IRIS "aimerait pouvoir le dire", mais il est trop tôt selon elle pour affirmer que les contaminations ne repartiront pas. Ce n'est donc certainement pas le début de la fin, ni même la fin du début de cette vague épidémique.
"On va voir dans les jours qui viennent si cette tendance diminue", déclare sur notre antenne la chercheuse et médecin, "on pensait qu'avec 60% de personnes primo-vaccinées en métropole cela suffirait pour faire barrière et on voit bien que non, ça n'est pas suffisant".
Un détail est toutefois à souligner: l'incidence baisse chez les 10-19 ans et les 20-29 ans tandis qu'elle continue d'augmenter chez les plus de 40 ans, symbole du transfert de l'épidémie des plus jeunes aux plus âgés.
Les hospitalisations en hausse mais des disparités selon les territoires
En parallèle de ces chiffres, il convient de s'intéresser à la situation hospitalière, disparate sur le territoire. Alors que les établissements de Martinique et de Guadeloupe sont déjà saturés, le plan blanc a été déclenché dans quatres régions du sud du pays à savoir la Corse, Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'Occitanie et maintenant la Nouvelle-Aquitaine. Des transferts de patients ont d'ailleurs déjà eu lieu entre régions métropolitaines, ce qui démontre que les hôpitaux du pays ne vivent pas tous cette quatrième vague avec la même intensité.
"Nous avons atteint les 9200 hospitalisations pour Covid, un niveau que nous n'avions pas atteint depuis juin", a déclaré Emmanuel Macron depuis le fort de Brégançon, "la barre des 1600 patients en réanimation a également été franchie et cela n'est évidemment pas sans conséquences pour les autres pathologies."
En précision, les données rapportées au 10 août font état de 9153 patients Covid hospitalisés (+944 en 24h) dont 1712 actuellement en soins critiques (réanimation, soins intensifs ou soins continus). Les hospitalisations ont augmenté de 14,8% sur sept jours tandis que les réanimations sont en hausse de 28,6% sur la même période. 51 décès quotidiens liés au virus ont été recensés en moyenne entre le 4 et le 10 août, soit 21,8% de plus que lors de la semaine précédente.
Les données recueillies par Covid Tracker montrent toutefois que les nouvelles hospitalisations, les admissions en réanimation et les décès enregistrés à l'hôpital connaissent certes une hausse mais moins fulgurante que le nombre de nouveaux cas rapportés quotidiennement. En effet, proportionnellement au nombre de contaminations quotidiennes, le nombre de cas graves (hospitalisations, réanimations, décès) devrait être en théorie plus élevé.
Preuve en est dans les Alpes-Maritimes où le taux d'incidence record enregistré il y a quelques jours et le nombre de décès hospitaliers ne sont pas du tout de même ampleur que lors des précédentes vagues.
Baisse des rendez-vous après le sursaut de la vaccination en juillet
À ce constat une seule explication: la progression de la vaccination qui protège avant tout des formes graves de la maladie. Après avoir ralenti au cours du mois de juin, l'émergence du variant Delta et sa circulation grandissante sur le territoire ont poussé les autorités à imposer le sérum, sans toutefois le rendre obligatoire. Ainsi les Français se sont rués vers les centres de vaccination à la mi-juillet après l'annonce du président d'étendre le pass sanitaire à de nombreux lieux recevant du public.
"Cependant on observe ces derniers jours un ralentissement des prises de rendez-vous", a déclaré le président qui a rappelé l'enjeu qu'est celui "d'accélérer" la vaccination dans cette course contre le virus.
308.775 premières doses ont été administrées lors de la journée de mardi, c'est plus que lors des derniers jours. Reste que ce sont en moyenne 283.639 premières injections qui ont été effectuées chaque jour entre le 3 et le 9 août dernier, ce qui est bien inférieur aux chiffres observés à la fin du mois de juillet. Reste qu'avec 45.289.566 personnes primovaccinés - soit 67,2% de la population totale - l'objectif du gouvernement qu'est celui d'atteindre les 50 millions de premières doses administrées d'ici la fin du mois d'août est donc réalisable. De là à affirmer que cette quatrième vague sera la dernière grâce à la vaccination?
"La crise sanitaire n'est pas derrière nous, très clairement", a conclu Emmanuel Macron mercredi, "nous allons vivre encore plusieurs mois avec ce virus".