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Santé

Espérance de vie en nette hausse pour les malades des trois cancers les plus fréquents

Adolescent atteint en d'un cancer, au Centre de lutte contre le Cancer Léon Bérard à Lyon, en 2012.

Adolescent atteint en d'un cancer, au Centre de lutte contre le Cancer Léon Bérard à Lyon, en 2012. - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Les nouveaux traitements et les dépistages précoces ont permis d'améliorer considérablement la survie à cinq ans et plus des malades du cancer. Particulièrement pour les plus fréquents: prostate, sein et côlon-rectum.

Bonne nouvelle sur le front de la lutte contre le cancer. Une large majorité de patients atteints du cancer de la prostate, du sein et du côlon-rectum sont toujours vivants cinq ans, voire dix ans après le diagnostic de leur maladie. Mais pour le cancer du poumon, quatrième cancer le plus fréquent en France, les progrès restent très limités.

Ce constat émane du troisième rapport sur la survie des adultes atteints de cancer en France métropolitaine (tumeurs dites "solides" et cancers du sang), co-signé par l'Institut national du cancer (INCa) et l'Institut de veille sanitaire (InVS).

Thyroïde, prostate, mélanome cutané, seins: la survie à 5 ans au-dessus des 87%

Le rapport pointe des cancers qui affichent une forte progression du taux de survie. Ainsi, la survie à cinq ans est passée de 72% pour les cancers de la prostate diagnostiqués au cours de la période 1989-1993 à 94% pour ceux diagnostiqués entre 2005 et 2010, soit une hausse de 22 points. La survie à cinq ans du cancer colorectal a pour sa part augmenté de 9 points, passant de 54% à 63% au cours de la même période.

Progrès thérapeutiques et développement du dépistage ont joué dans l'augmentation de la survie du cancer du sein qui passe de 80% à 87% (+7 points). Toutefois, si le cancer du sein fait partie des cancers de bon pronostic, il reste, du fait de sa fréquence, la première cause de décès par cancer chez la femme.

Parmi ceux affichant de très bonnes survies sur cette période figurent les cancers de la thyroïde (92% à 98% selon le sexe, le meilleur chiffre concernant les femmes), du testicule (96%) et le mélanome cutané pris à temps (86% à 92%, selon le sexe).

>> Ci-dessous, l'espérance de vie à 5 ans (tous âges et sexes confondus)

Source: InVS/INCa, février 2016

Rôle décisif de la lutte contre le tabagisme et l'alcoolisme

En revanche, le pronostic du cancer du poumon reste parmi les plus sombres (plus de 39.000 nouveaux cas par an) avec un gain de survie faible sur la période observée (17% contre 13%). "La thérapeutique n'est pas au rendez-vous" souligne le Pr Agnès Buzyn, présidente de l'INCa, tandis que le patron de l'InVS François Bourdillon relève que "la seule arme que l'on a contre ce cancer, c'est la prévention contre le tabac". Egalement dans le viseur de la prévention, l'alcool, facteur de risque de divers cancers (colorectal, gorge...).

En 2012, la France comptait près de 57.000 nouveaux cas de cancers de la prostate, plus de 48.000 cancers du sein et environ 42.000 cancers colorectaux, d'après l'INCa. Parmi les moins favorables, avec une survie nette à 5 ans inférieure à 33% sur la période 2005-2010, outre le cancer du poumon, se trouvent les cancers du pancréas (8% environ) et du foie (autour de 15%) 

Les cancers de mauvais pronostic (hors cancers du sang) représentent un quart des cancers diagnostiqués, avec des différences selon les sexes : 31% des cancers chez les hommes et seulement 17% chez les femmes. A l'inverse, les cancers de bon pronostic (survie nette à 5 ans au moins égale à 66%) représentent un peu plus de la moitié des cancers diagnostiqués (52%) et sont plus fréquents chez les femmes (57%). La survie nette ne retient que les décès liés au cancer excluant d'autres causes (accident, infarctus), afin de permettre les comparaisons entre périodes et pays différents.

Dans certains cas, on peut parler de "guérison"

Le rapport fait aussi pour la première fois état de survie à 15 ans sur la période de diagnostic de 1989-1998 chez les moins de 75 ans. Elle se situe autour de 66% pour le cancer du sein et autour de 60% pour la prostate. Mais "les chiffres de survie à 15 ans sont à prendre avec précaution, car ils concernent des patients des années 90 et non ceux d'aujourd'hui, et l'amélioration des traitements évidement va changer la donne dans les années qui viennent", avertit Mme Buzyn.

Mais les données de survie à long terme, à 10 et 15 ans permettent d'identifier la guérison. La survie de certains cancers permet de parler de "guérison", comme pour les cancers de la thyroïde et du testicule et d'accéder au "droit à l'oubli" pour les assurances, a-t-elle ajouté. L'amélioration de la survie concerne aussi la majorité des cancers du sang (hormis le lymphome de Hodgkin dont la survie reste stable).

David Namias avec AFP