Ehpad: un ancien directeur d'un centre Orpea confirme "la pression managériale" dans le groupe

Mauvais traitements, négligences, résidents dont les conditions d'existence passent après le profit et les économies. Les accusations portées par Les Fossoyeurs, l'enquête menée par le journaliste indépendant Victor Castanet et parue ce mercredi, contre le groupe Orpea, leader mondial de gestion des Ehpad, sont lourdes.
Florent Ferragu n'a pas encore lu le livre mais il a connu de près la logique règlant le fonctionnement au sein de la société privée. Lui qui fut le directeur de l'un de ses Ehpad pendant deux ans avant de quitter son poste pour des raisons "idéologiques et philosophiques" il y a plus de cinq ans était l'invité de notre antenne en fin d'après-midi.
En nuances, et poussant à envisager la question de la maltraitance des séniors dans les Ehpad globalement et non dans le seul secteur privé à but lucratif, il a toutefois confirmé le règne d'une "pression managériale" au détriment des résidents au sein du groupe Orpea.
Un "mode de gestion strict", le budget avant tout
Aujourd'hui, Florent Ferragu est toujours directeur d'Ehpad. Mais dans un établissement associatif de Champeix dans le Puy-de-Dôme. Et s'il a quitté Orpea, après une expérience de deux ans, c'est donc pour des raisons "idéologiques et philosophiques".
"Je n’y ai pas retrouvé les valeurs qui étaient les miennes en matière de prise en charge et de bien-être des résidents", a-t-il expliqué.
Il a alors décrit son expérience sous la bannière Orpea: "J’ai connu en effet un mode de gestion strict, avec un respect des budgets à tous les niveaux mais peut-être pas comme celui décrit dans le livre". Ouvrage qu'il a cependant reconnu ne pas avoir lu pour le moment. Florent Ferragu a toutefois repris: "Il y avait une pression, une pression managériale mais elle n’était pas aussi exacerbée que celle décrite dans ce livre."
"On n'a pas de personnel aujourd'hui!"
Il a appelé à ne pas commettre l'erreur qui reviendrait à accabler le seul Orpea au risque de ne pas voir que le problème est plus large, emportant avec lui d'autres entreprises mais aussi le public.
"Aujourd’hui, on se focalise sur un ou deux établissements du groupe en particulier mais les problèmes évoqués – qui ne sont certes pas acceptables et sont choquants – ne se concentrent pas seulement sur le privé, lucratif, le public n’est pas exempt de tout reproche", a-t-il noté.
Et ces problèmes tiennent selon le directeur d'Ehpad à une difficulté en particulier: la pénurie de personnel. "C’est souvent un problème d’encadrement", a-t-il introduit: "Quand vous n’avez personne pour pousser des personnes en chaise roulante, ce n’est pas un problème de coût mais d’encadrement. On n’a pas de personnel aujourd’hui !"
