Crise à l'hôpital: selon la Fédération Hospitalière, "au total 6% des lits sont fermés"

Dans le service de neurologie de l'hôpital Bichat à Paris, seuls quatre lits sont ouverts contre 28 habituellement. - BFMTV
"Ces deux années de sursollicitation ont épuisé les équipes." Dans le Journal Du Dimanche, le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) Frédéric Valletoux est revenu sur la crise à l'hôpital, et la fermeture de lits, notamment faute de personnel. Les démissions sont en effet nombreuses et surtout les remplaçants restent difficiles à trouver, comme l'ont expliqué plusieurs chefs de service ces derniers jours.
"Au total, 6 % des lits sont fermés. Le phénomène affecte surtout l'Île-de-France, le Grand Est, la Bourgogne-Franche Comté et les Pays de la Loire", indique-t-il. Pour pallier cette situation, lui appelle à un "plan massif d'embauches et de formation à l'hôpital: 25.000 infirmière et aides-soignantes de plus, 100.000 personnes supplémentaires dans les Ehpad".
Le chiffre de 6% vient d'une étude de la FHF, et revoit à la baisse celui donné fin octobre par le Conseil Scientifique, qui parlait "d'un pourcentage important de lits fermés chiffré à environ 20% et touchant tous les secteurs de soins". Le diagnostic avait été mis en doute par le ministre de la Santé Olivier Véran qui contestait "un chiffre erroné".
Il faut "redonner des perspectives, sinon nos forces vives vont s'effilocher"
Mais bien que moindre par rapport aux précédentes estimations, cette donnée reste inquiétante pour Frédéric Valletoux. Si les fermetures de lits peuvent être imputées aux politiques de coupes financières successives qui ont frappé l'hôpital public, le manque de personnel actuel entraîne aussi des fermetures de places, car chaque soignant peut prendre en charge un nombre limité de patients.
Selon Frédéric Valletoux, il n'y a "rien de surprenant" dans ces fermetures parce que "les hôpitaux ont abordé la crise sanitaire en étant déjà très fragilisés, 30% des postes médicaux y étaient vacants". Et après la crise du Covid-19, malgré les augmentations de salaire, certains préfèrent quitter l'hôpital.
"Le problème est plus profond que la question des rémunérations, c'est un problème de sens", observe Frédéric Valletoux. Dans des métiers à la "pénibilité réelle", les soignants sont piégés dans un cercle vicieux où "les recrutements s'allongent et le travail pèse sur ceux qui restent". Pour lui "la seule réponse à la hauteur sera de redonner des perspectives, sinon nos forces vives vont s'effilocher", prédit-il, souhaitant que "la santé soit un des grands sujets du prochain quinquennat".
Et ce manque de lits inquiète à l'arrivée de l'hiver, car dans la situation actuelle, "une prochaine vague atteindrait des hôpitaux encore plus mal en point qu'il y a deux ans", déclare le président de la FHF. Pour lui, "encore une fois, ils tiendront, mais le prix à payer serait terrible", car cela entrainerait de nouvelle déprogrammations d'actes médicaux.
