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Circovirus HCirV-1: faut-il s'inquiéter de ce nouveau virus découvert en France?

Séquençage de virus un laboratoire à l'institut Pasteur à Paris, le 21 janvier 2021 (ILLUSTRATION)

Séquençage de virus un laboratoire à l'institut Pasteur à Paris, le 21 janvier 2021 (ILLUSTRATION) - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Un nouveau virus a été découvert chez une patiente atteinte d'une hépatite d'origine inconnue. Il appartient à une famille de virus habituellement détectés chez les animaux.

Un nouveau virus à surveiller? Un virus inconnu, pour l'instant nommé circovirus HCirV-1, a été découvert en France par des scientifiques de l'Institut Pasteur, de l'hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, de l’institut Imagine de l’Inserm, de l’Université Paris-Cité et de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA). Leurs conclusions ont été publiées dans un article de la revue Emerging Infectious Diseases, le 3 janvier.

Une patiente immunodéprimée

Le circovirus appartient à une famille des Circoviridae, de "petits virus à ADN très résistants", selon l'Institut Pasteur. Cette famille a été découverte en 1974 et les virus qui en font partie sont habituellement détectés chez l'animal, notamment le porc ou certains oiseaux, chez qui ils causent des "problèmes respiratoires, rénaux, dermatologiques et reproductifs". C'est la première fois qu'un virus de cette famille est détecté chez l'être humain.

Tout a commencé l'année dernière, lorsqu'un nouveau virus, classé chez les Circoviridae, est détecté chez une femme de 61 ans. La patiente n'a pas un profil banal, elle souffre d'une hépatite et a subi une double greffe du cœur et des poumons dix-sept ans plus tôt. Depuis, elle est immunodéprimée et doit suivre un traitement.

Le chercheur Marc Eloit, auteur de l'étude, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur et professeur de virologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA), explique à BFMTV.com que la patiente était donc "très suivie médicalement".

Des dommages au foie

Soudainement, l'année dernière, elle présente un "niveau d'enzymes du foie qui s'est élevé considérablement", ce qui peut être le signe d'une "infection hépatique". Les équipes s'attellent donc à en déterminer l'origine, mais "les investigations ne montrent rien de connu". C'est ainsi qu'un nouveau virus est identifié.

Une découverte "pour le moins inattendue", assure Marc Eloit dans un communiqué.

Il est alors nommé de façon provisoire Human Circovirus 1 ou HCirV-1. La sexagénaire est désormais guérie, mais a connu des dommages au foie, certaines cellules ayant été détruites.

"Analyser la fréquence du virus"

Marc Eloit assure à BFMTV.com qu'"il n'y a pas particulièrement d'inquiétude" de la part des chercheurs après la découverte de ce virus. 

Même discours du côté de l'épidémiologiste Antoine Flahault, pour qui il n'y a pas de raison de s'alarmer en raison du profil particulier de la patiente. "On ne doit pas s’inquiéter à la découverte d’un seul cas chez une patiente, par ailleurs à l’immunité très particulière", affirme-t-il à BFMTV.com.

Pour les chercheurs, pas d'épidémie en vue pour l'instant. L'objectif est désormais "d'analyser la fréquence du virus chez l'Homme".

L'origine du virus encore inconnue

Pour l'instant, l'origine du virus et sa source d'infection restent encore à identifier pour les scientifiques. La question est de savoir si le virus vient "de l'Homme, mais restait inconnu ou bien de l'animal, mais a fait incursion chez l'Homme", indique le chercheur.

"Quand on découvre un virus, on veut savoir si le virus est nouveau ou s'il vient juste d'être découvert. Le plus probable est que le virus existe depuis longtemps", estime-t-il par ailleurs.

"Pour adapter le traitement et le suivi des patients, il est essentiel pour nous de connaître la cause de l’hépatite, et notamment de savoir si elle est virale", indique pour sa part dans les conclusions de l'enquête la chercheuse Anne Jamet, auteure de l'étude et membre du service de microbiologie clinique de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, affiliée à l’Inserm.

Un test PCR déjà mis au point

Après cette découverte, les chercheurs ont mis au point un test PCR destiné à détecter au plus vite les patients concernés. Un test sérologique doit suivre.

"L'étape suivante est de détecter s'il y a d'autres cas. On va tester d'autres malades par PCR et rechercher les anticorps contre le virus dans la population humaine générale", indique Marc Eloit.

Au printemps 2022, l'OMS avait tiré la sonnette d'alarme après la détection de cas d'hépatite aiguë chez des enfants dans vingt pays différents, notamment au Royaume-Uni.

Juliette Desmonceaux