Sivens: bras de fer entre les écologistes et le gouvernement

François Hollande, Bernard Cazeneuve et Manuel Valls à la sortie du conseil des ministres le 3 juin 2014. - Alain Jocard - AFP
Passe d'armes musclée entre les écologistes et le gouvernement. Mardi matin, les responsables EELV ont exprimé leur colère après la mort de Rémi Fraisse, ce jeune manifestant mort dans la nuit de samedi à dimanche sur le barrage contesté de Sivens.
> L'offensive des écologistes
Dans le viseur d'EELV, la police et la gendarmerie, qui auraient selon eux réprimé de façon très violente les manifestants. Pour l'eurodéputé écologiste José Bové, les choses sont claires: "le ministre de l'Intérieur est responsable" du drame, puisqu'il a "mis délibérément des gendarmes pour garder une zone dévastée sans aucun engin, uniquement pour créer de la tension".
Cécile Duflot fustige elle aussi la responsabilité du gouvernement, et estime que la mort de Rémi Fraisse laissera "une tache indélébile" sur son action. "Et depuis 48 heures, aucun membre de ce gouvernement qui avait pourtant, théoriquement, fait de la jeunesse une priorité, ne s'est exprimé pour présenter ses condoléances, pour dire qu'il regrettait infiniment ce qui s'est passé", dénonce la députée de Paris, qui a quitté le gouvernement en avril. Cécile Duflot, qui s'était rendue à Sivens la semaine passée, réclame la tenue d'une commission d'enquête parlementaire.
En début d'après-midi à l'Assemblée nationale, le député écologiste Noël Mamère a appelé mardi à "la responsabilité" de François Hollande et Manuel Valls pour qu'ils stoppent la construction du barrage de Sivens car "on ne construit pas un barrage sur un cadavre".
> Hollande réagit
Sous pression, le gouvernement a fini par répliquer. Bernard Cazeneuve a ainsi dénoncé "l'instrumentalisation sans vergogne" de la mort de Rémi Fraisse, en réponse à Cécile Duflot et José Bové. "Un certain nombre de propos tenus ce matin m'ont choqué et relèvent d'une instrumentalisation politique d'un drame. Cela n'est pas acceptable et doit être condamné", a déclaré le ministre place Beauvau. Bernard Cazeneuve a également présenté ses condoléances à la famille du jeune manifestant, et rappelé que "le gouvernement est attaché à ce que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame".
François Hollande a lui aussi tenu à réagir mardi: "la première réaction à avoir, c'est la compassion. J'ai d'ailleurs appelé le père de Rémi Fraisse pour lui exprimer ma solidarité", a indiqué le chef de l'Etat, qui a également appelé à la "responsabilité de chacun dans les déclarations publiques". "Je ne peux pas accepter que dans ce pays on se déchire", a-t-il ajouté.
Des propos tenus également quelques minutes plus tard par Manuel Valls. Le Premier ministre a déploré les "propos excessifs" de certains responsables d'EELV et appelé à la "responsabilité" de chacun.
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