Victoire de Syriza: la déroute du Pasok, un avertissement pour le PS?

Bruno Le Roux à l'Assemblée nationale, le 16 septembre 2014. - Patrick Kovarik - AFP
Au lendemain de la victoire de Syriza aux législatives en Grèce, nombreux sont les responsables politiques qui tentent de s'approprier un peu de cette victoire qui redistribue les cartes dans le pays. Au Parti socialiste, on opte pour l'optimisme. La gauche radicale au pouvoir en Grèce, quoi de plus positif? "La victoire d'un parti de gauche est toujours une bonne nouvelle pour le PS", se félicite Jean-Christophe Cambadélis sur Twitter.
Pourtant, outre la victoire de Syriza, l'un des enseignements de ce scrutin pour le PS reste l'effondrement de son allié historique, le Pasok, le "mouvement socialiste panhellénique". Crédité d'environ 40% des voix il y a encore dix ans, il n'en a réuni que 4,6% dimanche, soit 13 sièges au Parlement. Une véritable claque, qui n'a pas échappé à François Kalfon, secrétaire national du PS. "Syriza: pour le peuple grec un espoir. Pour les sociaux-démocrates une menace: le Pasok est réduit à néant", analyse-t-il sur Twitter.
"Pas de parallèle hâtif", prévient Le Roux
Le PS français, menacé? Bruno Le Roux ne veut pas en entendre parler. Pour le patron des députés PS, la chute du Pasok est d'abord due à la mauvaise stratégie du parti. "Le Pasok n'a pas su se renouveler, être à la hauteur des enjeux (…)", lance-t-il sur France Info. Pas question donc de faire un lien avec la situation politique française. "On ne peut faire aucun parallèle hâtif" avec le PS, ajoute-t-il. Entre le Parti socialiste français et son allié grec, la page semble même tournée.
Désormais, le parti de la majorité paraît n'avoir d'yeux que pour Syriza. "Nous partageons beaucoup de choses", assure Bruno Le Roux, "et nous serons un point d'appui pour Alexis Tsipras dans la question de la restructuration de la dette". Jean-Marie Le Guen lui-même l'assurait dimanche dans L'Opinion: "Syriza est en train de se mettre sur des positions euro-compatibles, plus proches de celles de François Hollande que celles de Jean-Luc Mélenchon", croit savoir le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement.
"Ce qui se passe en Grèce concerne la gauche française"
Lâché par ses alliés en France, le Pasok ne pèse plus rien ou presque dans la vie politique grecque. "En France, la politique de Hollande et Valls peut conduire le PS à suivre le même chemin", prévenait juste avant le scrutin Yannis Varoufakis, économiste et député de Syriza, pressenti pour devenir ministre de l'Economie, dans Libération.
Une analyse partagée par Christian Paul, député "frondeur" du PS. Dans une interview à Atlantico, dimanche, il explique que "ce qui se passe en Grèce peut aussi nous éclairer sur l'avenir de la gauche en France (…) Si le PS ne se renouvelle pas dans la forme et dans le fond, s'il n'est pas capable de se moderniser, c'est un destin qui pourrait se profiler". Prochain test pour les socialistes: la législative partielle dans le Doubs, dimanche.