Richard Ferrand au perchoir, une élection moins confortable que prévu

L'élection du président de l'Assemblée ce mercredi après-midi devait être une simple formalité. En réalité, Richard Ferrand n'a pas été élu aussi largement qu'escompté.

Ce devait être une large victoire, et pourtant Richard Ferrand n'a pas été élu confortablement à son poste de président de l'Assemblée: mercredi soir, il a recueilli un total de 254 voix sur 484 suffrages exprimés. Une élection dès le premier tour, mais avec 99 voix de moins que son prédécesseur François de Rugy en 2017. Par ailleurs, 93 députés n'ont pas pris part à l'élection.

Lundi, lorsque les députés La République en marche avaient dû désigner leur candidat au perchoir, le choix de Richard Ferrand n'avait pas surpris. En interne, ce très proche d'Emmanuel Macron l'avait emporté par 187 voix contre 85 pour l'une de ses concurrentes, Barbara Pompili.

Bisbilles avec le MoDem

Mais il affrontait ce mercredi d'autres candidats, dont le président du groupe MoDem Marc Fesneau. Ce dernier a recueilli un score surprenant de 86 voix, alors que les députés centristes sont 47. Marc Fesneau s'est dit lui-même "surpris" de ce score, qu'il analyse comme "la volonté que puisse s'exprimer la diversité de nos opinions". Le député Jean-Louis Bourlanges parle quant à lui d'un "très beau succès", montrant que "dans ce Parlement, on aspire à une meilleure respiration des groupes parlementaires".

La désignation même d'un candidat MoDem mercredi face à Richard Ferrand avait surpris, les deux groupes étant partenaires. Derrière cette candidature surprise, un message politique lancé par le centre au parti de la majorité: de nombreux députés MoDem estiment n'être pas traités comme des membres de la majorité à part entière. Parmi eux, Jean-Louis Bourlanges, qui s'est fendu lundi d'un communiqué pour dénoncer l'indifférence de LaREM vis-à-vis du parti de François Bayrou. Ce dernier a d'ailleurs félicité Marc Fesneau dans un tweet... Sans un mot pour Richard Ferrand.

Des critiques en interne

Outre les mauvaises relations entre le centre et la majorité, Richard Ferrrand fait aussi les frais de critiques en interne. Car sur les 312 députés LaREM, 58 n'ont pas voté pour lui. Faut-il y voir un début de fronde au sein du groupe majoritaire? Le nouveau président, proche du chef de l'Etat, s'est vu reprocher ces derniers jours de ne pas incarner le renouvellement pourtant promis par Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale. Le député LaREM François-Michel Lambert estime ainsi qu'il "n'incarne pas ce pour quoi on a voté".

Interrogé lundi sur le fait d'être le "candidat chouchou" de l'exécutif face à deux députées LaREM, l'intéressé avait préféré ironiser: "je ne suis pas le candidat chouchou (…) Pardonnez-moi de ne pas être une dame!". 

Ariane Kujawski