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Parlement

Quand Valls demande à Duflot de ne pas l'associer à Vichy

Cécile Duflot, a estimé vendredi que la gauche avait "jeté aux oubliettes nos valeurs", avec le projet de révision constitutionnelle soumis aux députés.

Cécile Duflot, a estimé vendredi que la gauche avait "jeté aux oubliettes nos valeurs", avec le projet de révision constitutionnelle soumis aux députés. - Lionel Bonaventure - AF¨P

Une passe d'armes entre Manuel Valls et Cécile Duflot a eu lieu vendredi à l'Assemblée au sujet de la la déchéance de nationalité.

La coprésidente du groupe écologiste de l'Assemblée a estimé vendredi que la gauche avait "jeté aux oubliettes nos valeurs", avec la révision constitutionnelle présentée aux députés. Elle s'est donc livrée à un réquisitoire contre un projet de révision "inutile" et "dangereux", spécialement contre la déchéance de nationalité.

"Le dernier régime à l'avoir massivement utilisé fut le régime Vichy. Il ne s'agit pas de faire de parallèle hasardeux. Il s'agit que cela vous plaise ou non de rappeler un traumatisme de notre histoire", a lancé Cécile Duflot, sous les vociférations de quelques députés, et notamment des socialistes.

"Vichy, ce n'est pas la République. C'est une part de la France, et je rappelle mes mots, mais ce n'est pas la République. Ce n'est pas la République!", lui a répliqué quelques minutes plus tard Manuel Valls.

"Et puisque vous-même, et vous avez parfaitement raison, vous disiez qu'il fallait sortir des quolibets, des approximations, des caricatures, je vous demande seulement, dans le rappel qui est fait de cette période sombre, de ne pas associer la démarche et la volonté du gouvernement et de quiconque dans cette Assemblée avec cette période que chacun d'entre nous ne peut pas supporter", a poursuivi Manuel Valls, sous les applaudissements sous des applaudissements venant de la gauche et de la droite..

Une inégalité "dans les faits" selon Duflot

Le Premier ministre défendait lui-même la révision constitutionnelle devant une Assemblée nationale divisée, notamment sur la déchéance de nationalité.

Le chef du gouvernement avait assuré dans son discours d'ouverture que le "principe de l'égalité" de tous les Français serait respecté et proposant de limiter à quatre mois, renouvelables, la prorogation de l'état d'urgence.

Cécile Duflot a pointé les multiples formulations du gouvernement sur la déchéance, avec une dernière version n'inscrivant pas dans le "marbre constitutionnel cette inégalité, tout en la maintenant dans les faits", ainsi que l'élargissement à des délits.

La motion de Duflot repoussée

L'élue EELV de Paris défendait à la tribune une motion de rejet préalable de ce projet de loi constitutionnelle de "protection de la Nation".

"L'honneur est un instinct. Comme l'amour", a conclu l'ancienne ministre en citant l'écrivain Georges Bernanos, après un hommage à Geneviève de Gaulle-Anthonioz, dans un discours où elle a aussi cité une autre résistante, Germaine Tillon, panthéonisée par François Hollande.

Sa motion de rejet, soutenue par une partie des écologistes et par les députés du Front de gauche, a été repoussée par 120 voix contre 23.

Dans sa première intervention dans l'hémicycle depuis son entrée au gouvernement, le nouveau ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a défendu les deux articles controversés du projet de révision constitutionnelle, clamant notamment que la déchéance de nationalité "n'est pas un symbole, c'est un principe" constatant "une déchirure définitive".

L'ancien président PS de la commission des Lois a sèchement riposté, notamment avec "quelques éléments de droit", à l'écologiste Noël Mamère, qui a présenté une motion de renvoi en commission et attaqué vivement les choix de l'exécutif.

Sur l'inscription de l'état d'urgence dans la Constitution, Jean-Jacques Urvoas a plaidé que ce serait "protecteur pour les libertés individuelles" et source de sécurité juridique face aux "mesures dérogatoires prises" et qu'il y aurait le contrôle parlementaire pour s'assurer de l'absence de "débordements".

K. L.