"Naufrage", "craquage": Agnès Buzyn étrillée après ses confessions accablantes sur la crise du coronavirus

"J'ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein". Auprès du quotidien Le Monde, Agnès Buzyn s'est laissée aller à des confessions détonantes. Elle assure avoir prévenu le sommet de l'Etat que les élections ne devraient pas se tenir, et qu'elle savait "que la vague du tsunami était devant nous". Prédisant même des "milliers de morts".
Des mots qui font l'effet d'une bombe politique, au premier jour du confinement général demandé par Emmanuel Macron pour lutter contre la propagation du coronavirus. Invité du 20H de France 2 ce mardi soir, Edouard Philippe devrait lui répondre, selon nos informations. Avant cela, dans la majorité, on porte un jugement très dur envers l'ancienne candidate à la mairie de Paris.
Autour d'elle, on voit cette sortie comme un "craquage". Un proche de l'ancienne ministre juge qu'Agnès Buzyn "craque complètement".
"Elle n'avait pas les épaules, elle sait que c'est perdu".
Un autre estime que "l'heure est à l'état d'urgence plutôt qu'aux états d'âme".
"C'est par gros temps qu'on mesure qui sont ceux qui tiennent la barre", poursuit-il, sans nuance.
D'autres, plus bienveillants, expliquent qu'elle n'est pas une politique, et qu'elle n'a pas su gérer l'échec.
Le timing dans le viseur
Du côté de l'exécutif, on étrille le timing de ces propos. "Ses messages catastrophistes, c'est le pire moment. C'est irresponsable. Heureusement qu'elle n'est plus aussi audible qu'avant", essaie-t-on de se rassurer.
Porte-parole de Cédric Villani, la députée Anne-Christine Lang se dit "abasourdie, sans voix". "C'est un naufrage", précise-t-elle.
Dans l'opposition, Jean-Luc Mélenchon y voit des propos "consternants".
"Pourquoi raconte-t-elle cette histoire maintenant, quand il est trop tard? Se rend-t-elle compte qu'elle engage sa responsabilité pénale, et celle des autres personnes qu'elle dit avoir prévenues?", se questionne le député, leader de la France insoumise.
Il demande d'ailleurs que la mission d'information parlementaire décidée en conférence des présidents de l'Assemblée nationale "se saisissent de ces aveux."
L'opposition veut des explications
De son côté, Marine Le Pen veut que l'ancienne ministre de la Santé et médecin soit entendue par "la Cour de Justice, et peut-être que la Haute Cour devra être saisie."
"Si les propos de Agnès Buzyn reflètent la vérité, il s'agit d'un très grave scandale d'Etat".
Face à cette polémique, Agnès Buzyn a souhaité minimiser la portée de ses propos, expliquant que "les formulations employées relèvent de perceptions et d'intuitions personnelles".
"Ces propos, recueillis en pleine crise, doivent être pris dans leur contexte. La formulation de 'mascarade' traduit en particulier le ressenti a posteriori d'Agnès Buzyn face au décalage de la campagne menée et de l'enjeu sanitaire présent", précise-t-elle.
Agnès Buzyn assure ne pas souhaiter continuer à faire campagne dans ces conditions, alors qu'elle est en mesure de s'opposer à Anne Hidalgo et Rachida Dati au second tour des municipales parisiennes.
"Dans les semaines qui viennent, je ne peux être que médecin" et non candidate, a-t-elle précisé.