Les députés au régime, un premier pas, pas une révolution

Les Coulisses de la politique, de Christophe Jakubyszyn, sur RMC du lundi au vendredi à 7h20 - -
On ne va pas bouder son plaisir. Le contrôle des frais, l’exemplarité de nos élus, ce sont nos combats. Pas par populisme ou démagogie, comme on nous en accuse souvent, mais au contraire par souci de renforcer notre démocratie. Oui, on le réaffirme ce matin, la politique ce n’est pas un métier comme les autres. Ce doit être une vocation, c’est une mission d’intérêt général. Sans aller jusqu’à demander à nos élus de payer l’électricité de leur bureau, comme le faisait le général de Gaulle en réglant l’électricité de ses appartements à l’Elysée et des repas donnés à titre privé, les Français réclament de l’exemplarité, de la frugalité.On a malheureusement le sentiment que nos élus ressemblent plus aujourd’hui à des sénateurs romains qu’à des soldats de la République…
Mais le président de l’Assemblée nationale a annoncé mardi un budget de rigueur…
Un début de plan de rigueur. Le gel d’abord du budget de l’Assemblée sur les 5 prochaines années. On applaudit. On verra dans quelques instants qu’on peut mieux faire, mais oui c’est un bon début, une inflexion, déjà amorcée sous la précédente mandature, et c’est tant mieux. Ensuite des règles de fonctionnement, marquées du nouveau sceau de la rigueur. Et ça les Français, qui y sont soumis eux aussi, apprécient que leurs élus partagent leur fardeau. Donc plus de voyage aérien en première classe et suppression aussi de la classe affaires pour les vols de moins de 5 heures.
Et puis une baisse de 10% de la fameuse enveloppe pour frais… 6400 euros par mois !
Oui, vous le savez, cette enveloppe est en partie détournée. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la commission pour la transparence de la vie politique. Elle a évalué que l'IRFM contribuait à un enrichissement compris « entre 1 400 euros et 200 000 euros » sur un mandat. Cela veut dire que tous les députés ne se comportent pas de la même manière mais que certains mettent cet argent dans leur poche, en font un complément de revenu. Claude Bartolone a donc annoncé une baisse de 10% de cette enveloppe, soit une économie de plus de 4 millions d’euros qui sera redistribuée aux assistants parlementaires.
En revanche, toujours aucun contrôle sur l’utilisation des 90% restants, soit quand même 5 800 euros par mois… On ne le redira jamais assez : on ne dit pas que cet argent est inutile. On dit qu’il doit être contrôlé comme n’importe quelle note de frais d’un salarié.
Un effort malgré tout louable des députés quelque peu contrarié par une polémique…
Et oui, on a appris hier que le président faisait travailler sa propre femme dans son cabinet, comme chargée de mission pour les interventions et les droits des femmes. Défense de Claude Bartolone : « Je n’ai pas embauché ma femme, j’ai épousé ma collaboratrice ».
Que voulez-vous, ce n’est évidemment pas recevable. Il y a une règle à l’Assemblée comme ailleurs : on n’embauche pas son conjoint. Pour sa défense, l’entourage de Claude Bartolone a cru bon de citer l’exemple des boulangers… sauf que l’Assemblée, ce n’est pas une entreprise familiale. Décidément, il y a encore du travail…
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