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Politique

Le projet de loi Macron divise (encore) la gauche

Emmanuel Macron à l'Elysée le 1er décembre 2014.

Emmanuel Macron à l'Elysée le 1er décembre 2014. - Lionel Bonaventure - AFP

Le projet de loi Macron n'est pas encore présenté qu'il divise déjà fortement la gauche, y compris les socialistes. Une majorité semble pour l'heure difficile à dégager, en particulier sur la question épineuse du travail dominical.

La loi Macron, présentée mercredi en conseil des ministres, pourra-t-elle être adoptée par la majorité? Rien n'est moins sûr. Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone a déjà lancé des appels "à l'unité" sur le texte: s'il y a des "réserves", "après le temps du débat, il fau(dra) le temps du compromis".

"Réserves", le mot est faible. L'aile gauche du PS, pour la première fois, appelle à "voter contre", y voyant "la remise en cause de tous les combats historiques de la gauche". Le député "frondeur" Christian Paul, a une position d'"hostilité" a priori, parce que le texte "participe d'une mise sous pression des salariés". Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis lui-même a qualifié le projet de loi de "fourre-tout".

Le travail dominical pose problème

Point d'achoppement chez les socialistes: l'assouplissement du travail dominical pour les commerces non alimentaires (passage de 5 dimanches à 12 dimanches par an). Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne, a prévenu lundi qu'il n'y avait pas de "majorité" de gauche à l'Assemblée pour voter la mesure.

Le PS, dans un "memorandum" envoyé la semaine dernière à Bercy, écrit qu'il n'est "pas nécessaire d'aller sur l'ensemble du territoire national au-delà de cinq dimanches ouverts par an". Il ne souhaite pas non plus "banaliser le travail de soirée jusqu'à minuit", jugeant que le travail après 21 heures reste "un travail de nuit". Dans les deux cas, "la compensation salariale" doit être "la règle pour toutes les entreprises de plus de 10 salariés" ajoute le parti, qui souhaite une "loi de gauche". Malgré tout, Manuel Valls s'est dit lundi soir "optimiste" sur l'adoption du projet de loi. "J'espère qu'on n'en aura pas à venir aux mains", a dit de son côté Emmanuel Macron. Le gouvernement est d'ailleurs conscient que pour faire passer cette loi, il pourrait recourir au "vote bloqué", via l'article 44-3 de la Constitution. Un article qui permet au gouvernement d'imposer sa version d'un texte aux députés.

Les écologistes "entre abstention et vote contre"

Le débat devra également se faire avec les partenaires de la majorité à l'Assemblée nationale, les écologistes. S'ils ont obtenu le retrait de l'article concernant l'enfouissement des déchets nucléaires, les écologistes n'en demeurent pas moins "circonspects". "On n'aborde pas ce texte avec un état d'esprit de soutien positif et enthousiaste", dit François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée nationale. "On ne voit pas ce qu'il y a de positif, mais on voit ce qu'il y a de négatif".

"C'est un texte qu'il me semble difficile de soutenir", renchérit la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts Emmanuelle Cosse. La patronne des écologistes, qui a rencontré Emmanuel Macron, craint que le texte n'autorise "des modifications importantes de la loi Alur (logement, ndlr), en passant par la voie des ordonnances". "C'est le texte qui, depuis le début du mandat de François Hollande (...), a la plus grande incertitude quant à son adoption", dit François de Rugy. "On est entre abstention et vote contre, on est même plus proches du vote contre".

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, est contre cette loi, "tournée vers la déréglementation sociale". Quant à Jean-Luc Mélenchon, il fait du vote contre "le ticket d'entrée" de toute discussion entre lui et les frondeurs.

Ariane Kujawski avec AFP