Élections Européennes
Elections européennes

Européennes: la circonscription nationale, un retour aux vieilles habitudes

Un isoloir lors d'une élection (photo d'illustration).

Un isoloir lors d'une élection (photo d'illustration). - Jean-Sébastien Evrard - AFP

Adoptée début 2018 par les parlementaires, la restauration de la circonscription nationale unique en France représente un retour au processus en vigueur avant les européennes de 2004.

Le 26 mai prochain, les choses seront relativement simples. Dans tous les bureaux de vote de France et de Navarre, les Français auront à choisir entre les mêmes bulletins. Conformément à une annonce faite par l'exécutif aux partis politiques à l'automne 2017, les élections européennes de 2019 auront lieu sur une seule et même circonscription: le territoire français. 

La restauration de ce format a été adoptée par nos parlementaires début 2018. Le constat édicté par le gouvernement en amont était le suivant: le découpage en huit grandes circonscriptions à partir de 2004, "sans cohérence historique, politique ou administrative, a contribué à brouiller le débat entre enjeux européens, enjeux nationaux et enjeux locaux".

Incarnation politique forte

La circonscription nationale était le modèle en vigueur pour les cinq élections européennes qui se sont déroulées entre 1979 et 1999. Des scrutins qui avaient ceci de commode que de permettre à chaque parti de se doter d'une incarnation politique identifiable, "présidentialisant" ainsi, d'une certaine façon, le vote. Cela s'est vu, malgré la cacophonie, dans le débat de jeudi soir sur France 2.

Mis en place par le gouvernement Raffarin en 2003, l'éclatement en huit super-circonscriptions électorales de 2004 à 2014 aura d'abord eu l'avantage de diluer les défaites des partis au pouvoir. Et de n'obliger aucune des principales formations à potentiellement "sacrifier" certains de leurs leaders nationaux en les exposant à une déconvenue électorale ou, tout simplement, aux affres de la campagne d'une tête de liste sur laquelle tout repose. Au lieu de ça, les candidats de chaque parti étaient disséminés un peu partout sur le territoire, selon un dispositif que beaucoup jugeaient artificiel.

"Lisibilité accrue"

L'actuel gouvernement n'a donc eu aucun mal, en brandissant l'argument de la "lisibilité accrue", à bénéficier du soutien des autres partis, de l'UDI pro-européenne de Jean-Christophe Lagarde aux insoumis euro-critiques de Jean-Luc Mélenchon.

Les Républicains, en revanche, ont rué dans les brancards, pointant du doigt un "tripatouillage" destiné à compenser l'absence d'ancrage local d'un jeune mouvement comme La République en marche.

Le mode de scrutin, de liste à la proportionnelle, a été quant à lui conservé, tout comme le seuil d'accès à la répartition des sièges à 5%. La majorité avait affirmé vouloir éviter un éparpillement au Parlement européen. Le seuil de remboursement des frais de campagne est resté à 3%.

Jules Pecnard