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EDITO - Sommet de Bruxelles: "Pour réussir une Europe à quelques-uns, il faut la rater à 28"

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Christophe Barbier, éditorialiste à BFMTV, analyse la portée de la réunion informelle qui s'est tenue hier à Bruxelles entre 16 pays membres de l'Union européenne.

Les dirigeants de 16 pays se sont retrouvés dimanche à Bruxelles pour un mini-sommet visant à apaiser le climat de tension face aux questions migratoires, alors que le bras de fer se poursuit en Méditerranée entre le gouvernement italien et les ONG humanitaires.

Lors de ce sommet informel, la France et l'Allemagne ont appelé à des accords à plusieurs pays pour contourner l'absence de consensus, qui paralyse l'Union européenne sur ce problème. Christophe Barbier, éditorialiste à BFMTV, analyse la portée de cette réunion. Il estime que "pour réussir une Europe à quelques-uns, il faut la rater à 28", alors qu'un sommet officiel se tient jeudi et vendredi. 

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"Un bon échec, ça se prépare. Pour bien rater le sommet de la fin de la semaine, il fallait se réunir avant. Il y a de bons et de mauvais échecs. C’est encore comme ça qu’on construit l’Europe et qu’on va construire la prochaine. Pour réussir une Europe à quelques-uns, il faut la rater à 28. On déconstruit une Europe qui est bloquée depuis qu’on l’a élargie au maximum. C’est normal, l’empire communiste s’était effondré, il fallait intégrer tous ces pays de l’est. Mais on l’a fait au détriment de l’approfondissement de l’Europe. On vit cela depuis le début des années 90, on va donc devoir passer à une nouvelle Europe. L’ancien monde, le nouveau monde, l’ancienne Europe, la nouvelle Europe: c’est tout le pari d’Emmanuel Macron. Cela commence peut-être jeudi et vendredi car si on a un bon échec, qu’on constate qu’à 28 rien n’est signable, on ne peut pas trouver d’accord, eh bien on va trouver un accord à quatre, à cinq, à six, et on va le faire vraiment, on va régler un problème entre nous, et tant pis pour les autres.

L’Europe est disloquée, elle l’est sur les migrants, elle l’est au niveau monétaire parce qu’il y a l’euro et les autres, elle l’est même sur des sujets économiques majeurs, philosophiquement. Il y a une Europe à 28 qui est un territoire de paix et d’échanges, on ne se fait pas la guerre, on ne va pas affronter la Hongrie ou la Pologne, c’est très bien. Et puis il y a une nouvelle Europe à construire, qui sera peut-être une Europe à deux au départ, franco-allemande, avec quatre ou cinq autres derrière: Espagne, Portugal, Belgique, peut-être Italie. Et cette Europe-là, elle va faire profondément des réformes, et peut-être bientôt une solution technique pour gérer les migrants."
C.V.