Le "héros au scooter" de Nice raconte: "J'étais prêt à mourir pour l'arrêter"

Autour du site de l'attentat de Nice, un strict cordon de sécurité empêche l'accès aux badauds. Une bâche a été déployée pour que l'on ne puisse pas observer le travail des spécialistes sur place, ni l'évacuation des corps. - Anne-Christine Poujoulat - AFP
Franck est un héros. Le soir du 14 juillet, alors que Mohamed Lahouaiej Bouhlel lance son camion à travers la foule, ce père de famille circule en scooter avec son épouse, assise à l'arrière. Sans hésiter une seconde, il va se lancer à la poursuite du terroriste, au péril de sa vie, comme il le raconte à nos confrères de Nice Matin.
"Déterminé à aller jusqu'au bout"
Après avoir demandé à sa femme de descendre du scooter, Franck se met en tête de rattraper le camion qui vient de le doubler à grande vitesse, et qui slalome maintenant à travers la foule pour faire le plus de victimes possible.
"Pour le rattraper, il fallait slalomer. Entre les gens, vivants et morts. J'étais à fond. (...) Je n'avais que l'arrière du camion dans les yeux. J'étais déterminé à aller jusqu'au bout" se souvient Franck.
Rapidement, grâce à son "300cm3" qui "accélère vite", l'employé de l'aéroport de Nice se retrouve au niveau du camion de Bouhlel et décide alors un geste fou: lancer son scooter contre le véhicule dans une tentative désespérée de l'arrêter.
"Quand j'étais à son niveau, je me suis posé la question: qu'est-ce que tu vas faire avec ton pauvre scooter? Alors je l'ai jeté contre le camion. J'ai continué à courir après lui" explique Franck.
Face à face avec Bouhlel
Après sa course folle, Franck parvient tant bien que mal à se hisser sur le marche-pied du camion, côté conducteur, et se retrouve donc nez à nez avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel qui semble imperturbable.
"Je l'ai frappé, frappé, et frappé encore. Des coups au visage. Il ne disait rien. Il ne bronchait pas" se rappelle Franck.
C'est alors que Bouhlel pointe son arme sur le père de famille. Et tire. Miracle, les balles ne partent pas, l'arme s'enraye. "Il me visait, appuyait sur la gâchette, mais ça ne marchait pas" explique Franck, dont la confrontation avec le tueur sera interrompue par les premiers tirs de la police. Réfugiés sous le camion, Franck se protège la tête, et attend la fin du déluge de balles qui s'abat sur le poids lourd. Blessé à la tête par Bouhlel, il n'en gardera que quelques points de suture.
Mais pour Franck, le traumatisme est essentiellement psychologique. Incapable de dormir pendant plusieurs jours, l'homme est hanté par les visions d'horreur qui ont croisé son chemin le soir du 14 juillet. Pourtant il l'assure, il n'a pas hésité une seconde à se jeter au plus près du danger.
"J'étais prêt à mourir en fait! J'étais lucide et prêt à mourir pour l'arrêter" explique le rescapé.
Dans cette vidéo filmée par un témoin et diffusée juste après l'attaque, on peut voir dès la 3ème seconde le scooter de Franck se lancer à l'assaut du camion.