Seine-Saint-Denis: marche blanche après le meurtre d'un homme par un individu souffrant de troubles psychiatriques

Une entrée de l'hôpital Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 22 octobre 2024 - Dimitar DILKOFF © 2019 AFP
Près de trois mois après le meurtre en pleine rue de François, 27 ans, une marche blanche est organisée devant l'hôpital Ballanger à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ce dimanche 20 avril à 14h30.
Lundi 3 février, François, père d'un petit garçon de 2 ans et vendeur dans un magasin de sport, devait rejoindre ses amis sur la commune de Livry-Gargan. Au moment de traverser la rue, il croise Soufiane O., 38 ans, souffrant de troubles psychiatriques importants. Ce dernier s'acharne sur François et lui inflige plus d'une vingtaine de coups de couteau.
Soufiane O. expliquera plus tard aux policiers avoir entendu des voix lui ordonnant de tuer sa victime. Placé en garde à vue pendant quelques heures, l'individu sera finalement hospitalisé sous contrainte dans un établissement psychiatrique. Il n'a donc pas été mis en examen dans cette procédure à ce jour.
Un meurtre et deux agressions à son actif
Si la famille de la victime s'interroge sur le parcours de cet homme, c'est que ce n'est pas la première fois qu'il est l'auteur de faits graves. En février 2012, Soufiane O. a été condamné à une peine de six mois d'emprisonnement avec sursis pour avoir blessé un homme avec une lame de rasoir l'année précédente.
Deux mois après cette condamnation, il vise deux personnes avec une arme de poing, à Pantin. Des faits qualifiés de "violences volontaires avec arme", pour lesquels il est par la suite déclaré irresponsable pénalement, déjà pour raisons psychiatriques.
Surtout, Soufiane O. a un autre meurtre à son actif: en 2015, dans l'après-midi du 11 mars, dans le 12ème arrondissement de Paris, il tue un homme qui était en train de fumer une cigarette et à qui il reproche de mal le regarder. À l'aide d'une arme à feu, il tire à bout portant sur sa victime, nommée Johann. Déjà, à l'époque, il explique être passé à l'acte après avoir entendu des voix.
Plus d'hospitalisation complète depuis 2022
Il est interné en hôpital psychiatrique en 2017, la justice le déclarant irresponsable pénalement de ce meurtre. Mais selon l'avocat de la famille de sa dernière victime, François, Soufiane O. ne faisait plus l'objet d'une hospitalisation complète depuis 2022, à la suite d'une décision médicale. Le parquet de Bobigny indique de son côté que Soufiane O. était bien toujours suivi médicalement en 2025, mais confirme qu'il n'était plus en hospitalisation complète.
Auprès de BFMTV, la soeur de la victime déclare avoir ressenti une immense tristesse, mais aussi "beaucoup de colère". "On n'accepte pas que mon frère ait été tué gratuitement, parce que Soufiane O. a eu un coup de folie. Cet homme-là n'avait rien à faire dans les rues de Livry-Gargan, libre. (...) Il n'y a pas eu un réel suivi de cette personne-là", estime Augustine, qui dénonce un certain "laxisme".
Pour l'avocat de la famille, Me Pierre-Emmanuel Blard, "c'est un long combat qui les attend".
"Alors qu'il est déclaré irresponsable pénalement pour le meurtre d'une personne en 2015, est-ce que c'est normal qu'il puisse, en 2025, se promener dans la rue, sans aucune contrainte, après avoir été remis en liberté en 2022?", s'interroge-t-il.
La famille de François se demande aujourd'hui pourquoi Soufiane O. est sorti d'hospitalisation complète en 2022. Elle souhaite entamer des procédures contre le CHI Robert Ballanger, en Seine-Saint-Denis. Sollicité par BFMTV, l'hôpital n'a pas souhaité répondre, opposant le secret médical. Quant au dernier avocat connu du mis en cause, contacté lui aussi, il n'était pas joignable dans l'immédiat.