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Saint-Martin-de-Crau: un champ d'obus et de munitions à l'abandon

Certains obus sont entreposés en plein air, comme le montre cette photo prise par une association environnementale en 2013.

Certains obus sont entreposés en plein air, comme le montre cette photo prise par une association environnementale en 2013. - AgirpourlaCrau

Un site de stockage d'objets militaires, dont des obus et de barils de poudre datant de la Première Guerre mondiale mais pouvant toujours servir, inquiète depuis des années riverains et associations environnementales.

C'est un terrain herbeux et caillouteux qui s'étend sur 32 hectares, non loin d'Arles. Sur le fin grillage qui l'encercle, quelques panneaux jaunes viennent rappeler la réalité du site: "Défense de pénétrer, danger de mort". C'est là que sont enterrés mais aussi stockés à ciel ouvert plusieurs milliers d'obus de mortier et au phosphore, de missiles et de poudre récupérée sur d'anciennes munitions, datant parfois de la guerre 14-18.

Une situation qui désespère les associations environnementales du coin, qui la dénoncent depuis des années, et qui revient dans l'actualité à la faveur d'un reportage de France 3-Provence-Alpes. "On se bat pour que le site de la Carougnade soit enfin dépollué et sécurisé, mais on obtient toujours la même réponse de la préfecture: "des solutions sont à l'étude"", soupire Joëlle Lenghi, porte-parole d'Agir pour la Crau, interrogée par BFMTV.com. 

"De la poudre à portée de main"

"La gestion de cette déchetterie militaire avait été confiée après la Seconde guerre mondiale à une entreprise, qui n'en a pas fait grand chose, et qui a fait faillite en 2006. Le propriétaire est mort depuis. L'endroit a été récupéré par l'Etat, mais n'a toujours pas été dépollué. Or, les risques sont nombreux", s'inquiète la militante écologiste.

"D'abord, même si les détonateurs ont été enlevés, il subsiste d'énormes barils de poudre à portée de main, qui peut très facilement être utilisée pour fabriquer des explosifs. Or, malgré le grillage, on peut pénétrer sur le site aisément" nous explique-t-elle. Autre danger: l'aspect polluant des produits stockés. "De nombreux obus au phosphore ont été enterrés à fleur d'eau, juste au-dessus de nappes phréatiques qui servent à fournir près de 350.000 personnes", décrit-elle. Un enfouissement qui laisse craindre une contamination de l'eau, même si aucune n'a été détectée à ce jour. "Nous venons d'avoir un orage terrible, le ruissellement des eaux dans les terres pourrait contribuer à amener ces produits chimiques dans les nappes", s'indigne-t-elle.

La préfecture regrette les errements de l'ex-propriétaire

Enfin, Joëlle Longhi s'inquiète d'un possible départ de feu. "Le phosphore est une matière très inflammable, et la région connaît parfois des périodes de sécheresse. Or, la petite ville de Saint-Martin-de-Crau n'est qu'à quelques kilomètres, sans compter les exploitations aux alentours." Seule possibilité selon la militante écologiste: dépolluer le site définitivement et rapidement, quel qu'en soit le prix. 

Jointe par BFMTV.com, la préfecture des Bouches-du-Rhône rappelle qu'elle a dû se substituer à "un propriétaire défaillant qui n'a rien fait durant des années", et assure qu'un "travail de dépollution est en cours", sans livrer de détail ni d'échéance de fin. "On ne veut pas communiquer sur ce site et en faire la publicité pour des raisons évidentes de sécurité", confie-t-on. Trop tard, les associations s'en sont chargées.