BFMTV
Procès

Accusé d'avoir drogué une collaboratrice, l'ex-directeur de l'Institut Montaigne jugé ce jeudi

placeholder video
Laurent Bigorgne est accusé d'avoir administré de l'ecstasy à une de ses collaboratrices. Le mobile sexuel a été écarté des poursuites.

Sophie Conrad dénonce une enquête bâclée. La responsable du pôle "politiques publiques" de l'Institut Montaigne déplore que le mobile sexuel a été exclu des poursuites qui pèsent contre Laurent Bigorgne. L'ex-directeur du puissant think tank libéral est jugé ce jeudi à partir de 9 heures par un tribunal correctionnel de Paris pour "administration de substance nuisible suivie d'incapacité n'excédant pas huit jours par une personne agissant sous l'emprise manifeste de produits stupéfiants".

Le 22 février, en pleine nuit, Sophie Conrad se rend en urgence à l'hôpital Cochin, dans le 14e arrondissement de Paris. Elle a quitté le domicile de Laurent Bigorgne quelques dizaines de minutes auparavant. Ce soir-là, son directeur et ex beau-frère l'avait invitée à dîner. La femme de 40 ans avait hésité à s'y rendre, mais avait finalement accepté.

"Arrivée chez lui, il a servi deux coupes de champagne", raconte Sophie Conrad sur RMC. Dans sa cuisine, il a un peu tardé à les apporter dans la salle à manger où je figurais. J’en ai bu une demi-coupe et le monde a changé. Les murs tournaient. J’avais extrêmement chaud. J’avais le cœur qui battait extrêmement fort. J’ai cru que je ne me souviendrais de rien de cette soirée."

Amphétamines et ecstasy

Sophie Conrad a le réflexe d'envoyer un SMS à une amie. Cette dernière tente de la joindre en retour puis finit par appeler Laurent Bigorgne sur son portable. "Ça l’a perturbé et moi, ça m’a un peu réveillée, ça m’a réveillée de ma torpeur. J’ai réussi à partir et à sortir de chez lui", confie-t-elle. Elle grimpe dans un taxi, rentre chez elle, puis repart pour l'hôpital. Sur place, elle subit des examens rassurants mais elle explique vouloir savoir la "vérité" et demande que des analyses soient réalisées.

"Il faut passer par la case police. C’est une réquisition de la police qui permet de faire ces analyses-là. Je suis allée au commissariat du 5e, qui m’a accompagné à l’Hôtel-Dieu, qui est l’hôpital habilité pour faire ces analyses, qui ont tout de suite révélé la présence d’amphétamines et de MDMA", de l'ecstasy, indique Sophie Conrad.

Une plainte est déposée, Laurent Bigorgne est placé en garde à vue les 25 et 26 février. Il reconnaît avoir administré une substance dans le verre de Sophie Conrad. Selon Mediapart, il a également admis avoir déjà drogué sa compagne à son insu.

"Contrevérités"

Le lendemain, l'Institut Montaigne annonce sa démission. À l'issue de son audition par les enquêteurs de la police judiciaire, le proche d'Emmanuel Macron, qu'il a conseillé pendant sa campagne de 2017, reçoit une convocation pour une comparution ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris afin de répondre de ces faits de soumission chimique.

Le parquet n'a toutefois retenu aucun mobile sexuel dans les faits reprochés à l'économiste. "Je ne sais pas quelle est l’autre motivation pour mettre de la drogue dans le verre d’une femme, que de vouloir abuser d’elle ou la violer", s'insurge sur RMC la victime, dénonçant une enquête "sous pression" qui "a duré moins de 90 heures". "Les policiers étaient tous persuadés que l’enquête allait se poursuivre. Ils étaient tous convaincus du motif sexuel de cette administration de drogue", poursuit-elle.

"Mon client réserve ses explications au tribunal et n'entend donc pas répondre aux accusations et contrevérités relayées dans certains medias ces derniers jours. Il tient néanmoins à rappeler que les faits sur lesquels il s'est immédiatement expliqué, et qu'il a reconnus, n'ont aucun caractère sexuel", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de Laurent Bigorgne, Me Sébastien Schapira.
https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV