Policier jugé à Bobigny: "Qu'est-ce qu'il aurait dû faire? Attendre de se faire flinguer?"

En 2012, le policier tire sur un braqueur en fuite (photo d'illustration) - Philippe Huguen-AFP
En plein débat sur l’assouplissement de la légitime défense dans les rangs de la police, le procès d’un gardien de la paix, jugé pour avoir tué un fugitif, s’est ouvert lundi devant les assises de Bobigny.
Le policier plaide la légitime défense
En avril 2012, Damien Saboundjian, un policier de 36 ans, patrouille avec des collègues lorsqu’il reçoit un appel anonyme indiquant qu'Amine Bentounsi, un braqueur en cavale, condamné à 22 ans de réclusion, se trouve devant un bar à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis.
Les policiers se rendent sur place et l’accusé tombe nez à nez avec le fuyard, qui a sorti une arme. Damien Saboundjian tire à quatre reprises sur le braqueur qui meurt, atteint d’une balle dans le dos. Le policier a toujours affirmé que la victime lui faisait face, son arme braquée sur lui, quand il a tiré, et qu'il aurait donc agi dans le cadre de la légitime défense. Pourtant, ses détracteurs assurent qu'il s'agit d'un exemple d'impunité policière. Poursuivi aux assises, il risque aujourd'hui 15 ans de réclusion pour des faits de "violence volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner".
Ses soutiens amères
"J’ai toujours voulu être dans la police", affirme Damien Saboundjian qui a grandi dans l’agglomération grenobloise. Il est entré dans la police nationale en 2002 et avait demandé à être muté à Grenoble en 2012 pour veiller sur sa mère malade. Aujourd’hui interdit de port d’armes, il est opérateur pour le Service d’information et de commandement de la police grenobloise.
Le policier était-il en situation de légitime défense quand il a tiré ? C'est la question auquel devra répondre le procès, qui se tient moins d'un an après la relaxe à Rennes de deux policiers jugés pour leur rôle dans la mort de Zyed et Bouna. A une suspension d'audience, des policiers venus soutenir leur collègue ne cachent pas leur amertume.
"Le type, c'était un braqueur dangereux, condamné à 22 ans de réclusion. Il a sorti une arme. Damien a eu le courage de partir à sa poursuite. Qu'est-ce qu'il aurait dû faire? Attendre de se faire flinguer?", s'interroge l'un d'eux.
Sur RMC, Nicolas Comte, le porte-parole du syndicat policier Unité SGP police-FO affirme avoir "un peu l’impression que pour ne pas se retrouver devant une cour d’assises, il aurait dû soit se faire tuer, soit ne pas faire son travail".
"L'impunité policière" dénoncée
Face aux soutiens du policier, se trouvent des militants contre les violences policières. Amal, la grande soeur d'Amine, est la fondatrice du collectif "Urgence, notre police assassine", qui dénonce les "violences policières". "On a peur que cet état d’urgence influence le jury" affirmait-elle sur RMC.
A ses côtés, Siham Assbague, du collectif Stop le contrôle au faciès, qui avait vu dans la relaxe des policiers dans l'affaire Zyed et Bouna un exemple de "l'impunité policière" qui règne dans un pays en proie à un "racisme institutionnel".