Mort du résistant Raymond Aubrac

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Raymond Aubrac, l'un des derniers cadres de la Résistance, est mort mardi soir à l'âge de 97 ans à l'hôpital militaire du Val de Grâce, a indiqué mercredi matin sa fille à l'AFP.
Co-fondateur du mouvement "Libération Sud", Raymond Aubrac était l'une des dernières personnalités de la Résistance à avoir connu Jean Moulin. Il était le dernier survivant des chefs de la Résistance réunis et arrêtés en juin 1943 à Caluire (Rhône) avec le chef du Conseil national de la Résistance (CNR).
Sa femme Lucie Aubrac, elle aussi héroïne de la Résistance, est morte en 2007 à l'âge de 92 ans.
En 1947 et 1950, il avait été témoin à charge lors des deux procès du résistant René Hardy (décédé en 1987), accusé d'avoir livré Jean Moulin à la Gestapo et acquitté au bénéfice du doute.
De son vrai nom Raymond Samuel, il était resté un citoyen très actif et avait notamment été ovationné en février 2008 après un discours défendant la laïcité, lors du meeting de campagne de Bertrand Delanoë pour les municipales.
Il s'engage dans la résistance dès 1940
Grand officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 39-45, rosette de la Résistance, Raymond Aubrac faisait des Compagnons de la Libération, dont moins d'une trentaine sont encore en vie. Il avait publié en 1996 son autobiographie, "Où la mémoire s'attarde". Né le 31 juillet 1914 à Vesoul (Haute-Saône) dans une famille juive, il était ingénieur civil des Ponts et Chaussées, licencié en droit et titulaire d'un Master of Science de l'université d'Harvard (Etats-Unis).
Dès 1940, il s'est engagé dans la Résistance avec Lucie, et est devenu attaché à l'état-major de l'Armée secrète. Arrêté le 21 juin 1943 à Caluire, emprisonné à Montluc, Raymond Aubrac et quatorze résistants sont libérés grâce à un intrépide raid de commando monté par Lucie, qui entrera dans la légende de la Résistance.
Recherché avec Lucie par la Gestapo
Recherché par la Gestapo, le couple est parti pour Londres, puis Raymond a gagné Alger, où il est devenu délégué à l'Assemblée consultative en juin 1944. A la Libération, il est devenu commissaire régional de la République à Marseille, responsable du déminage du littoral, puis inspecteur général à la Reconstruction.
En 1948, alors compagnon de route du PCF, il a renoncé à une carrière de haut fonctionnaire pour fonder le Bureau d'études et de recherches pour l'industrie moderne (BERIM), spécialisé dans le commerce avec les pays communistes, qu'il a dirigé pendant dix ans.
Il est ensuite devenu directeur à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), de 1964 à 1975.