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Police-Justice

Lille: 30 heures de garde à vue pour du covoiturage avec une famille jihadiste

Le Lillois a partagé son trajet avec une famille sans se douter qu'ils partaient faire le jihad (illustration)

Le Lillois a partagé son trajet avec une famille sans se douter qu'ils partaient faire le jihad (illustration) - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

Les forces de l'ordre l'ont interpellé de façon spectaculaire parce qu'il a fait à son insu du covoiturage l'été dernier avec une famille qui s'est avérée jihadiste.

Aucune charge n'a été retenue contre lui. Pourtant, Tuncel Percin a passé pas moins de trente heures en garde à vue à Lille en début de semaine pour avoir fait du covoiturage jusqu'à Istanbul avec une famille de jihadistes, rapporte ce vendredi La Voix du Nord.

L'entrepreneur lillois à qui on a expliqué qu'il était "un dommage collatéral de l'état d'urgence" réclame des explications. Selon son récit, une quinzaine de représentants de force de l'ordre "cagoulés, lourdement armés", ont débarqué à son domicile ce lundi.

"Je pensais que c’était un braquage. J’étais tétanisé", témoigne Tuncel Percin en précisant que son casier judiciaire est vierge dans le quotidien local.

Les forces de l'ordre ont perquisitionné son domicile, mais aussi celui de sa mère, puis ont interpellé ce père de quatre enfants. Il restera en garde à vue jusqu'au mardi soir.

Une famille peu bavarde

Les enquêteurs parisiens qui sont venus sur place s'interrogent sur des faits qui remontent à l'été 2015. Au mois de juillet, Tuncel Percin part en vacances en Turquie avec sa femme et sa soeur. Il remplit son mini-bus par l'intermédiaire d'un site de covoiturage, plutôt content de trouver une famille pour partager les frais du voyage vers Istanbul. "Une famille, c’est bien, c’est sûr. C’est moins suspect que des individus seuls", explique-t-il à La Voix du Nord.

L'homme, la femme, voilée intégralement, et les trois enfants s'avéreront peu diserts pendant les deux jours de voyage. Un mois plus tard, leur famille signalera leur disparition, et l'on découvrira qu'ils ont "fait allégeance à Daesh en Irak". L'enquête mènera vers celui qui les a emmené jusqu'à Istanbul. Mais Tuncel Percin n'en revient pas: "On enquête sur moi depuis le mois de septembre. On aurait pu comprendre que je n’étais pas dangereux".

Interrogé par le quotidien local, le directeur de la police judiciaire de Lille admet qu'avec le recul l'affaire est "disproportionnée". Mais "nous devions savoir s’il ne s’agissait pas d’une filière organisant des départs", justifie-t-il.

A. D.