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Police-Justice

Les polices municipales auront droit au Taser

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Un décret à paraître va permettre aux maires d’équiper leur policiers municipaux des pistolets électroniques Taser.

Après les gendarmes et la police nationale, les policiers municipaux, déjà autorisés à porter des pistolets ou des revolvers, vont pouvoir être bientôt dotés de Taser, ce pistolet à impulsions électriques qui peut délivrer des "décharges" de 50 000 volts. Le décret autorisant les 17 000 policiers municipaux à en être équipés a été signé au début du mois de juin par Michèle Alliot Marie, mais n'a pas encore été publié au Journal officiel. Selon le distributeur français du Taser, 300 mairies souhaiteraient s'en équiper. Les communes de banlieue sont les plus nombreuses à vouloir en équiper leurs policiers. Les maires devront quand même obtenir l'autorisation du préfet.

Venu des Etats-Unis, le Taser équipe actuellement 4 000 gendarmes et policiers. Une arme décriée, puisque des associations pour la défense des droits de l'homme évoquent des risques de crise cardiaque.

Pour Antoine di Zazzo, le Directeur Général de Taser France, l'utilisation du Taser par les polices municipales va dans le bon sens : « Si elles abandonnent les armes à feu pour prendre le Taser, c'est quand même un grand progrès dans la désescalade de la violence, c'est ce qui va permettre d'éviter un certain nombre de bavures qui existent et d'interpeller les gens, de se faire respecter, sans provoquer de séquelles ni d'un côté ni de l'autre. Obtenir l'autorisation du préfet devrait être moins difficile que lorsque les préfectures ont autorisé les polices municipales à prendre du calibre 38 ».

Parmi les maires prêts à équiper leur police municipale, on trouve Alain Kelyor, maire UMP d'Emerainville en Seine-et-Marne : « Nous avions acheté les Tasers bien avant qu'ils ne soient classés comme arme et nous les avons mis dans le coffre chez notre fournisseur. Maintenant nous allons les récupérer. J'ai des policiers qui sont actuellement armés de 7,65, des armes qui tuent, qui laissent un trou énorme dans la poitrine ou dans la cuisse, alors qu'avec un Taser on va paralyser la personne en face. Ceci dit, les policiers n'ont jamais utilisé les 7,65 et ils ont porté le Taser pendant plus d'un an sans l'utiliser non plus ».

En revanche, les mairies de gauche s'y opposent fermement. Ainsi, François Pupponi, maire PS de Sarcelles dans le Val d'Oise, a « toujours considéré que la police municipale ne devait pas être armée. Que ce soit par des Tasers ou autre chose, elle n'a pas à être armée. C'est le rôle de la police nationale éventuellement de procéder à des interpellations voire à des tirs. Soit à balles réelles soit avec des Tasers, qui sont effectivement moins dangereux, mais on a toujours considéré que c'est le rôle de la police nationale qui a la formation et qui est la seule à même de pouvoir utiliser ce genre d'armes ».

Dans le reste du monde

L'utilisation du Taser ne fait pas débat qu'en France. Ainsi, la police fédérale canadienne a annoncé la semaine dernière qu'elle allait réduire son utilisation du pistolet électronique Taser, à la suite d'un rapport critique d'un organisme de contrôle. L'organisme de surveillance de la Gendarmerie Royale du Canada a estimé que celle-ci utilisait trop souvent le pistolet à impulsions électriques et a suggéré qu'il soit interdit si elle n'est pas capable d'en faire un usage plus adéquat.

A New-York, environ 10% des policiers vont être équipés à la ceinture à d'un nouveau taser. Ces pistolets sont en usage depuis 1984 à New York, mais étaient déposés dans les voitures de patrouille en raison de leur taille. Les nouveaux modèles M26, à peine plus volumineux qu'un pistolet, seront portés à la ceinture.

La rédaction et Cyril Graziani