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Police-Justice

L'homme accusé d'agression sexuelle sur l'écrivain Edouard Louis de nouveau relaxé

L'écrivain Edouard Louis en octobre 2017 à Francfort en Allemagne

L'écrivain Edouard Louis en octobre 2017 à Francfort en Allemagne - DANIEL ROLAND / AFP

L'accusé conteste, depuis le début de l'affaire, toute violence à l'égard d'Edouard Louis, il y a près de dix ans.

La cour d'appel de Paris a confirmé lundi la relaxe d'un homme de 36 ans, qui était accusé par le romancier Edouard Louis de l'avoir agressé sexuellement il y a près de dix ans, en décembre 2012.

Riadh B., également surnommé Reda, s'est vu également confirmer sa condamnation à trois mois d'emprisonnement avec sursis pour les vols d'une tablette et d'un téléphone portable. Mais la cour d'appel a requalifié les faits de vols avec violence en vols simples.

La première plainte en 2012

Cet Algérien de 36 ans avait le 22 novembre, lors de son procès en appel, de nouveau contesté toute violence à l'égard de l'écrivain aujourd'hui âgé de 29 ans, absent à l'audience comme lors du premier procès. Le parquet général avait requis une peine de quatre ans d'emprisonnement, dont deux ans ferme, la même que celle requise en première instance.

Le soir du 25 décembre 2012, Edouard Louis, qui s'appelait alors Eddy Bellegueule et n'était pas encore un auteur célèbre, avait déposé une plainte pour viol sous la menace d'une arme et vols aggravés. Aux policiers, il avait rapporté avoir rencontré dans la rue un homme prénommé Reda qui l'avait accompagné chez lui. Il avait expliqué avoir eu des relations sexuelles consenties, avant de se rendre compte que sa tablette et son téléphone avaient disparu.

Confronté, Reda était, d'après les déclarations du plaignant, devenu menaçant, l'avait étranglé avec une écharpe puis violé.

"Est-ce que j'ai perdu aujourd'hui? Je ne sais pas"

De cette nuit, Edouard Louis avait tiré l'ouvrage "Histoire de la violence", publié en janvier 2016, quelques jours avant l'arrestation fortuite de son agresseur présumé dans une autre affaire. À l'issue de l'instruction, comme dans de nombreux dossiers d'accusations de viol, les faits avaient été requalifiés en "agression sexuelle", amenant l'affaire devant un tribunal et non aux assises.

"C'est une immense victoire, celle du droit sur dix années de pressions et de manipulations extra-judiciaires", s'est félicitée l'avocate de Riadh B., Me Marie Dosé. "Riadh B. est innocent et le clame depuis dix ans. Sa présomption d'innocence a été bafouée et violée toute une décennie durant", a-t-elle déploré.

Le romancier a déploré la relaxe, se demandant sur Facebook: "Est-ce que j'ai perdu aujourd'hui? Je ne sais pas, je n'avais rien à gagner, on ne peut jamais gagner d'avoir traversé des expériences comme celles-ci, on ne peut que perdre ou perdre". Selon lui, "porter plainte, dans la configuration qui est la nôtre, n'est pas forcément la bonne solution. Les institutions judiciaires fonctionnent à l'écrasement des victimes, notamment dans ce type de violence-là".

S. V. avec AFP