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Police-Justice

L'affaire Woerth-Bettencourt s'invite dans la rentrée politique

Eric Woerth, à la sortie de l'Elysée. L'affaire Woerth-Bettencourt a refait surface mercredi, jour du conseil des ministres de rentrée, des articles de presse évoquant une deuxième audition du ministre du Travail et l'implication de Nicolas Sarkozy. /Phot

Eric Woerth, à la sortie de l'Elysée. L'affaire Woerth-Bettencourt a refait surface mercredi, jour du conseil des ministres de rentrée, des articles de presse évoquant une deuxième audition du ministre du Travail et l'implication de Nicolas Sarkozy. /Phot - -

PARIS (Reuters) - L'affaire Woerth-Bettencourt a refait surface mercredi, jour du conseil des ministres de rentrée, des articles de presse évoquant...

PARIS (Reuters) - L'affaire Woerth-Bettencourt a refait surface mercredi, jour du conseil des ministres de rentrée, des articles de presse évoquant une deuxième audition du ministre du Travail et l'implication de Nicolas Sarkozy. Eric Woerth, ancien ministre du Budget, est au centre d'une tourmente politique depuis que des enregistrements clandestins de conversations de Liliane Bettencourt ont mis au jour l'évasion fiscale présumée de la milliardaire et les liens entre le ministre et Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal.

Le parquet de Nanterre a entendu une deuxième fois mardi Claire Thibout, l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, qui a fait état de remises d'argent en espèces à des hommes politiques, notamment pour la campagne présidentielle de 2007. Le 14 septembre, en plein débat sur la réforme des retraites au parlement sous la houlette d'Eric Woerth, la cour d'appel de Versailles décidera s'il y a lieu d'autoriser la juge d'instruction Isabelle Prévost-Desprez à poursuivre son enquête, en particulier sur les enregistrements clandestins.

Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, souhaiterait entendre lui-même Eric Woerth, après l'audition effectuée par les enquêteurs en juillet, affirme le site internet du Point. Selon l'hebdomadaire, qui ne cite pas de source, Eric de Seriginy, un financier conseiller influent d'Eric Woerth soupçonné lui aussi de conflit d'intérêts, a également été entendu par les enquêteurs durant l'été. Le parquet de Nanterre n'a fait aucun commentaire. "M. le procureur ne fait pas de confidence à M. (Hervé) Gattegno", l'auteur de l'article du Point, a-t-on dit dans l'entourage de Philippe Courroye.

LA DÉCORATION DE DE MAISTRE DEMANDÉE PAR SARKOZY ?

Le Canard enchaîné paru mercredi écrit, lui, que la demande de Légion d'honneur de Patrice de Maistre, l'homme de confiance de Liliane Bettencourt, a été faite pour la première fois par le cabinet de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était ministre de l'Intérieur, en mars 2007, deux mois avant son élection. L'Elysée n'a pas souhaité commenter cet article. La décoration a finalement été décernée le 14 juillet 2007 et remise à Patrice de Maistre par Eric Woerth lorsque celui-ci était au ministère du Budget, et donc à ce titre responsable du dossier fiscal de l'héritière de L'Oréal. La cérémonie a eu lieu le jour de l'embauche de sa femme Florence Woerth dans la structure de gestion d'une partie des actifs de Liliane Bettencourt.

Cette Légion d'honneur est au centre de l'enquête en ce qu'elle accrédite les soupçons de proximité entre l'exécutif et la femme la plus riche de France, par ailleurs importante donatrice de l'UMP, dont Eric Woerth était le trésorier jusqu'au 30 juillet dernier avant d'en démissionner sous la pression. Dans les enregistrements clandestins publiés en juin par le site internet Mediapart, Patrice de Maistre demande à Liliane Bettencourt de signer, dans le cadre de la loi, des chèques de soutien à l'action politique de Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse et Eric Woerth.

Selon Le Canard enchaîné, les enquêteurs ont découvert en juillet, dans le dossier de Patrice de Maistre à la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur, que la demande avait été traitée en mars 2007 par le cabinet de Nicolas Sarkozy et suivie par Laurent Solly, son homme de confiance. Le ministère de l'Intérieur décore pourtant rarement des hommes d'affaires, relève l'hebdomadaire satirique. Une fois Nicolas Sarkozy élu, le dossier a été transmis à Bercy, où le ministre des Finances de l'époque, Jean-Louis Borloo, a signé le décret d'attribution.

Clément Guillou, édité par Yves Clarisse