Jérôme Cahuzac: quels soupçons pèsent sur lui?

Jérôme Cahuzac était visiblement ému lors de la passation de pouvoir au ministère du Budget, ce mercredi. - -
Après avoir démissionné mardi, Jérôme Cahuzac continue de clamer son innocence et dénonce le "caractère calomniateur" des accusations portées contre lui. François Hollande qui l'a immédiatement remplacé par Bernard de Cazeneuve, a indiqué avoir mis fin "à sa demande" aux fonctions de son ministre du Budget. Le communiqué a été publié trois heures seulement après l'ouverture par le parquet d'une information judiciaire contre X pour "blanchiment de fraude fiscale".
Mais quels points les juges Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke entendent-ils éclaircir? BMTV.com fait le point sur cette affaire qui tombe bien mal pour le gouvernement.
Existence supposée d'un compte en Suisse
Le site Mediapart a levé le lièvre le 4 décembre dernier, affirmant que Jérôme Cahuzac a possédé un compte en Suisse non déclaré, chez UBS, pendant de nombreuses années. En 2010, toujours selon Mediapart, l'ex-ministre aurait transféré ses avoirs à Singapour via de complexes montages financiers. Face à ces accusations, la ligne de défense de Jérôme Cahuzac n'a pas varié: il nie en bloc y compris devant l'Assemblée nationale.
Pour étayer ses accusations, le site d'investigation a, au lendemain du premier article, produit un enregistrement dans lequel une personne désignée comme étant Jérôme Cahuzac confiait son "embarras" par rapport à l'existence supposée de ce compte en Suisse. Selon le parquet, et trois témoins entendus par la police, la voix est très probablement celle de Jérôme Cahuzac.
Le 12 mars dernier, une demande d'entraide judiciaire a été formulée auprès du procureur de Genève par le parquet de Paris, avant même la nomination des deux juges chargés de l'enquête. Les autorités judiciaires genevoises doivent maintenant décider s'ils y donnent suite ou non. Aucun délai pour donner une réponse n'est imposé par la loi.
Si les faits sont avérés, Jérôme Cahuzac pourrait être poursuivi pour "blanchiment de fraude fiscale".
De supposés pots-de-vin versés par l'industrie pharmaceutique
Second volet de l'affaire, le parquet a évoqué, mardi, des liens supposés troubles avec l'industrie pharmaceutique. L'information judiciaire ouverte contre X porte ainsi sur la "perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale, blanchiment et recel de ce délit". Ces présomptions, précise encore le parquet, sont étayées par "l'un des témoins entendus par les enquêteurs" qui "a affirmé qu'il lui avait été rapporté que les sommes versées sur ce supposé compte proviendraient de laboratoires pharmaceutiques".
Avant de s'engager à plein temps en politique, Jérôme Cahuzac a exercé la profession de chirurgien, d'abord dans le public puis au sein d'une clinique privée. En 1993, il avait créé la société Cahuzac conseil qui avait lié des liens étroits avec les laboratoires pharmaceutiques. De 1993 à 1999, cette SARL aurait selon nos informations facturé un million d'euros à Pfizer.
Que risque Jérôme Cahuzac?
La procédure doit encore suivre son cours et Jérôme Cahuzac, qui bénéficie comme tout un chacun de la présomption d'innocence, n'est pour l'heure pas mis en examen.
Toujours est-il que le délit de blanchiment de fraude fiscale dont dispose l'article 324-1 du Code pénal est passible de cinq ans de prison et d'une amende de 375.000 euros.
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