Homophobie à Paris: prison ferme pour les agresseurs d'un couple gay

Le visage tuméfié de Wilfred de Bruijn le 11 avril 2013, après son agression dans le quartier des Buttes-Chaumont - -
Les agresseurs d'un couple d'homosexuels à Paris en avril 2013 en plein débat sur le mariage gay ont été condamnés mardi à 30 mois de prison, dont respectivement 12 et 15 mois de sursis avec mise à l'épreuve.
Les deux jeunes hommes, âgés de 19 et 20 ans, qui comparaissaient détenus, ont été maintenus en détention. Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu la circonstance aggravante de l'agression en raison de l'orientation sexuelle.
Un troisième a été condamné à six mois avec sursis, pour n'avoir pas tenté d'empêcher le délit, et un quatrième, mineur au moment des faits, doit comparaître devant un juge des enfants.
Une agression qui avait suscité l'émoi
Lors de l'audience en mai, le procureur avait requis une peine de trois ans de prison, dont un an avec sursis, et une peine de 30 mois de prison, dont un an avec sursis, contre les deux prévenus et un an de prison, dont six mois avec sursis, contre le troisième homme.
L'agression dont avaient été victimes Olivier et Wilfred le 7 avril 2013 dans le quartier des Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement de Paris, avait suscité l'émoi en plein débat sur le mariage homosexuel. De l'avalanche des coups est restée une photo: le visage tuméfié de Wilfred de Bruijn diffusé sur sa page Facebook après l'agression.
Caroline Mécary, l'avocate des victimes, a salué un jugement "parfaitement équilibré et tout à fait juste à la fois au regard des actes commis et de la personnalité" des mis en cause. Elle y a vu "un message très fort à l'égard de ceux qui seraient tentés d'agresser une personne en raison de son homosexualité".
Excuses des agresseurs
Maître Yann Le Bras, défenseur de l'agresseur le plus légèrement condamné, a "regretté le maintien en détention" mais salué une décision "mesurée". "Il [le jeune homme] a pris la mesure totale de la gravité de ce qui s'est passé (...) sa sincérité est passée à l'audience et avec une peine qui est inférieure aux réquisitions je crois que ce message a été entendu". Sur le fond du dossier, il y a vu la "bêtise absolue" d'un "effet de groupe" chez des jeunes gens "très alcoolisés".
C'est "une décision qui nous paraît juste", a salué Yohann Roszewitch, président de SOS Homophobie, partie civile. "Les coups ont commencé quand ils ont été identifiés comme étant homosexuels (...) il n'y avait pas d'autre motif," a-t-il dit, soulignant qu'en 2013, "l'ensemble des témoignages d'actes homophobes reçu par SOS Homophobie a augmenté de 80%, les agressions physiques de près de 50%".
Les deux agresseurs s'étaient excusés à l'audience, tout comme le troisième prévenu, qui avait pourtant nié jusque-là être présent lors de l'agression.