État de santé de Morgane, suspect: ce qu'il faut retenir de la prise de parole du procureur de Saint-Brieuc

Une enquête toujours en cours. Le procureur de la République de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz, a pris la parole lors d'un point presse ce mercredi 11 décembre à 18 heures concernant l'affaire autour de la disparition de Morgane, retrouvée saine et sauve ce mardi au Foyer de Jeunes Travailleurs à Coutances dans la Manche.
Le 25 novembre, la mère de Morgane avait signalé sa disparition à la gendarmerie de Guingamp, après que la direction du collège Albert Camus de Grâces, où l'adolescente est scolarisée, l'avait prévenue qu'elle ne s'y était pas présentée le matin.
Ce jour-là, Morgane avait quitté le domicile familial de Pabu, comme à son habitude, mais n'était pas montée dans le car scolaire, censé la conduire jusqu'à son collège. Une semaine plus tard, une information judiciaire pour "recherche des causes de la disparition" avait été ouverte par le parquet de Saint-Brieuc.
• Un signalement effectué lundi
Le procureur de la République de Saint-Brieuc est revenu sur le signalement qui a permis aux autorités de retrouver Morgane. Le lundi 9 décembre, une femme de 37 ans s'est présentée à la gendarmerie de Montendre en Charente-Maritime. Elle a déclaré aux gendarmes qu'un "jeune individu" s'était présenté à son domicile dans la nuit du 7 au 8 décembre aux alentours de 2h30.
"Cet homme se trouvait à l'extérieur du véhicule et une jeune fille se trouvait dans l'habitacle, éclairé par le plafonnier, à l'avant côté passager. Le jeune homme a demandé à parler à son fils de 16 ans, qui dormait", a déclaré le procureur de Saint-Brieuc.
Mais la femme refuse, "sachant que le jeune homme souhaitait laisser la jeune fille et repartir seul", a-t-il précisé. Ce n'est qu'après avoir questionné son fils, que ce dernier explique à sa mère que l'homme est "une connaissance de Morgane". Recherchant la fiche de disparition, la femme a alors réalisé que la jeune fille dans la voiture correspondait à l'adolescente de 13 ans, puis s'est rendue à la gendarmerie.
• Morgane présente dans le foyer depuis plusieurs jours
Grâce aux investigations menées par la Section de Recherches de Rennes, l'individu qui s'était présenté au domicile de la mère de famille a été identifié. Il s'agit d'un homme âgé de 21 ans, résidant au Foyer de Jeunes Travailleurs à Coutances dans la Manche, lieu où Morgane a été retrouvée "saine et sauve" dans la chambre de l'individu, ce mardi 10 décembre, indique le procureur.
"Ils (les gendarmes) constataient que la porte était fermée à clé et bien que la chambre soit au rez-de-chaussée, l'adolescente ne pouvait la quitter par la fenêtre en raison d'un dévers important", a informé Nicolas Heitz.
L'adolescente a également indiqué qu’elle ne pouvait pas sortir de la chambre de l'individu depuis 15 jours. "Les volets restaient fermés pour ne pas qu’elle soit vue", a détaillé le procureur. Morgane a déclaré s’être disputée avec le suspect qui lui aurait porté "des coups sur la tête" quand elle lui avait reproché de ne pas assez s’occuper d’elle et qu’elle avait faim.
De son côté, le suspect a déclaré aux gendarmes que s'il fermait la porte en partant travailler, cette porte pouvait s’ouvrir de l’intérieur, affirmant avoir montré à Morgane comment l'ouvrir. Les vérifications faites par la gendarmerie permettent de confirmer que ces portes peuvent effectivement s’ouvrir de l’intérieur, "à l’image d’une porte de chambre d’hôtel", a expliqué le procureur. Morgane a par la suite indiqué "qu’elle ne pouvait pas, et ne savait pas, déverrouiller la porte".
• L'adolescente ne présente "aucune lésion"
Le procureur a également indiqué que la victime avait été "examinée par un médecin de l'Institut médico-légal de Rennes", précisant qu'un examen cutané et gynécologique ne laissait apparaître "aucune lésion". Bien que l'adolescente et le suspect déclarent ne pas avoir eu de relations intimes, "des prélèvements étaient réalisés
et seront exploités pour déterminer s’il y a eu, ou non, des relations intimes récentes".
L'adolescente de 13 ans et le suspect se sont rencontrés, selon le procureur, il y a trois mois dans un groupe Snapchat, composé de majeurs et de mineurs. Selon l'individu, Morgane l'aurait contacté le dimanche 24 novembre pour lui faire part d'une l’altercation qu'elle aurait eue avec ses parents et lui demander de venir la chercher le lendemain.
Lors de sa garde à vue, l'homme a affirmé à plusieurs reprises avoir proposé à Morgane de la raccompagner chez elle. "Il disait ne pas la retenir. Elle aurait refusé, disant se sentir 'bien' chez lui", a indiqué le procureur.
• L'homme était appelé à comparaître pour d'autres faits
Aussitôt après avoir retrouvé Morgane, le suspect a été interpellé mardi sur son lieu de travail, "sans difficulté", précise le procureur, et placé en garde à vue à 10h25. Selon le procureur, "son casier judiciaire ne porte trace que d’une condamnation pour un excès de vitesse, commis en 2022".
L'homme était cependant appelé à comparaître ce mercredi 11 décembre devant le tribunal correctionnel de Beauvais du chef de soustraction de mineurs s’agissant de faits commis le 8 avril 2024, au préjudice d’une mineure victime de l’Oise, âgée de 14 ans à l’époque des faits.
Le tribunal correctionnel de Beauvais n'a donc pas jugé ce dossier en l’absence du prévenu qui sera à nouveau convoqué devant cette juridiction. Il n’est pas inscrit au Fichier des Auteurs d’Infractions Sexuelles (FIJAIS). Lors de son audition par la gendarmerie, l'homme a déclaré être "conscient d’avoir déjà commis des faits de même nature et craindre une nouvelle mesure de garde à vue". Il a également estimé qu’il était "en faute" et qu’il aurait "pu dire non".
Le procureur a enfin indiqué avoir saisi ce mercredi matin la Cellule de Recueil des Informations Préoccupante (CRIP) de la direction enfance et famille "en urgence" pour une évaluation sociale de la situation. Il a enfin annoncé qu'il demandera le placement en détention provisoire du suspect en garde à vue.