Procès du 13-Novembre: une contre-expertise ordonnée sur l'état de santé d'Abdeslam, le procès suspendu

Les forces de l'ordre à l'extérieur de la salle d'audience accueillant le procès des attentats du 13-Novembre, le 8 septembre 2021. - Alain JOCARD / AFP
Le procès suspendu jusqu'à mardi
Le président de la cour d'assises a ordonné une contre-expertise pour "déterminer l'état de santé actuel de Salah Abdeslam et les séquelles" qui pourraient découler des maladies qu'il a contracté mais aussi "déterminer quand il sera apte" à comparaître.
Deux experts ont été nommés pour cette contre-expertise dont les résultats devront être remis à la cour avant le 11 janvier. L'audience pourra alors reprendre en fonction de ces résultats.
Les gestes barrières "pas respectés" dans le box
L'un des arguments repris par les avocats qui se sont succédés pour s'associer à la demande de contre-expertise de la défense de Salah Abdeslam est le non-respect des gestes barrières dans le box des accusés.
"Je ne sais pas ceque dirait la haute autorité sur les mesures de distanciation" dans le box, s'interroge Me Christian Saint-Palais, l'avocat de Yassine Atar.
L'avocate de Salah Abdeslam a parlé de "boîte" pour parler du box des accusés. Un autre avocat rappelle que les règles sanitaires recommendent l'aération des pièces au moins 10 minutes toutes les heures. la salle d'audience n'est en effet pas doté de fenêtres.
"Est-ce que ça vaut le coup de risquer un cluster dans cette salle d'audience", questionne un autre avocat de la défense pour soutenir la demande de suspendre les débats le temps de refaire un test PCR à Salah Abdeslam.
Les parties civiles divisées sur la poursuite du procès
Les parties civiles sont divisées sur la poursuite du procès compte-tenu de l'état de santé de Salah Abdeslam. Me Reinhart plaide pour la poursuite des débats. "L'infection de M. Abdeslam ne me semble pas ni mortelle ni difficile à vivre", insiste-t-il.
"On a un planning, nous savons à un moment que les parties civiles vont vouloir s'exprimer, et se posera la question du temps qui leur sera accordé", abonde Me Chemla.
D'autres avocats des parties civiles dénoncent cette position. "J'ai quelqu'un qui dans le box est positif. C'est la seule information claire que nous avons sur la personne de Salah Abdeslam", déplore Me Chirez, qui craint "des contaminations en cascade". Il réclame une suspension d'audience, le temps que Salah Abdeslam revienne avec un test PCR négatif.
L'avocate de Salah Abdeslam demande une nouvelle contre-expertise
Me Ronen, l'avocate de Salah Abdeslam, réclame une nouvelle contre-expertise pour juger si l'état de santé de son client est compatible avec le procès.
Ce qu'on retient de la première expertise est que "M. Salah Abdeslam est apte sous réserve d'un test négatif et avec des horaires aménagés les deux premiers jours", rappelle l'avocate.
Mais cette dernière insiste: un nouveau test PCR a été réalisé sur Salah Abdeslam depuis, un test qui est revenu positif. Pour autant, l'expert a jugé l'accusé apte à comparaître. Un "volte-face qui discrédite l'expert", tranche la défense.
Pour les avocats de Salah Abdeslam, il est nécessaire de suspendre l'audience afin de réaliser une nouvelle expertise alors que l'accusé présente encore une "fatigue" liée au covid, mais aussi des "difficultés respiratoires et une toux". Un choix qui se justifie, selon les avocats, pour éviter "que celui-ci risque de contaminer ses co-accusés".
"On n'est dans une boîte qui elle-même a une autre boîte avec tout un tas de personnes et des gendarmes", déplore Me Ronen pour décrire la salle d'audience et le box des accusés.
L'un des principaux accusé dit que ce procès "est une illusion"
Malgré les sommations de l'huissier, Osama Krayem refuse de comparaître. "D'habitude je passe outre, là je vais être contraint d'utiliser la force publique pour le faire comparaître dans le box", prévient le président de la cour d'assises.
L'avocate d'Osama Krayem prend la parole pour lire une lettre écrite par son client. "Dans un premier temps, je souhaitais m'exprimer devant la cour et j'ai essayé de le faire quand la personnalité a été abordée", débute l'avocate.
"Ensuite j'ai vu comment se déroulaient les débats et j'ai perdu espoir. Personne n'est ici pour comprendre ce qu'il s'est passé et pour avoir des réponses. Je ressens que nous faisons tous semblant et que ce procès est une illusion."
Osama Krayem absent, l'audience suspendue
Osama Krayem ne s'est pas présenté devant la cour. La cour d'assises devait procéder à l'interrogatoire de cet homme accusé d'avoir aidé à confectionner les ceintures explosives utilisées par les commandos.
Le président a mandaté un huissier pour lui faire les sommations d'usage. L'audience est suspendue.
Salah Abdeslam présent dans la salle
Salah Abdeslam a été l'un des premiers accusés à prendre place dans le box des accusés. Pull blanc, masque blanc, cheveux courts, le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre ne refusait de se présenter devant la justice depuis le 25 novembre.
Salah Abdeslam, comme Osama Krayem, entendaient protester, notamment, contre l'anonymisation des enquêteurs belges ou leur audition en visio, entendus comme témoins par la cour d'assises.
Salah Abdeslam "apte" à comparaître
La reprise des débats était suspendue à l'état de santé de Salah Abdeslam, testé positif au covid le 27 décembre.
Mardi, le président de la cour d'assises qui juge les attentats du 13-Novembre a déclaré que l'audience devrait reprendre "normalement" ce jeudi. Toutefois, l'avocate de l'accusé assurait que son état de santé ne pourrait pas lui permettre de se présenter devant la justice.
Une contre-expertise avait alors été ordonnée. "M. Salah Abdeslam est apte tant sur le plan médical que sanitaire à assister aux audiences de la cour d'assises, sans mesure spécifique tant sanitaire que médicale à prendre au regard de la maladie infectieuse dont il a été porteur", selon le rapport d'expertise.
La période d'isolement obligatoire arrivant à son terme, le seul membre encore en vie des commandos pouvait se présenter dans la salle. "M. Abdeslam souffre d'"une asthénie post-infectieuse modérée" qui n'empêche pas sa comparution, indique également le rapport.