Brétigny: des témoignages renforcent la thèse du mauvais état du réseau

Le 18/07/2013 à 14h26 - mis à jour le 18/07/2013 à 16h26

L'opération de levage des voitures à la gare de Brétigny-sur-Orge, le 13 juillet 2013. - -

Alors que l'enquête sur les circonstances de l'accident d'un train à Brétigny sur Orge est en cours, plusieurs témoignages viennent étayer la thèse d'un entretien défaillant du réseau.

Mauvais état du réseau ou acte de malveillance? Alors que les enquêtes sur les circonstances du déraillement d'un train Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge, vendredi dernier, sont toujours en cours, plusieurs témoignages sur l'état des voies font pencher pour la première hypothèse.

La thèse du sabotage s'était posée après que le journal local Le Populaire du Centre avait fait état, le jour même du drame, du déraillement d'un train de marchandise dans une gare de triage près de Limoges. Un acte revendiqué "par mail" auprès du journal par "des (militants) anti-nucléaires". Mode opératoire? Le déboulonnage d'une éclisse, cette même pièce qui, en se déplaçant, a provoqué le déraillement du train de voyageurs à Brétigny.

Mais la ressemblance entre les deux accidents s'arrête là. Le mail reçu par Le Populaire explique en effet la raison d'un geste qui apparaît à la fois militant et ciblé: "dénoncer un site de stockage de déchets nucléaires", par le sabotage d'une voie "servant exclusivement à acheminer des déchets nucléaires jusqu'au site d'Areva de Bessines sur Gartempe".

De leur côté, les syndicats s'interrogent. Didier Aubert, de la CFDT Cheminots, indique jeudi dans les colonnes du Figaro n'avoir "jamais vu de boulons se déviser tout seuls." "On ne peut pas exclure l'acte de malveillance. (...) Trois boulons d'un coup, c'est quand même beaucoup." Mais selon un cheminot, "il faut vraiment s'y connaître et avoir des outils ad hoc".

"36 anomalies liées à la fixation du rail"

En outre, les témoignages sur le mauvais état des voies avant le drame se sont depuis multipliés. Comme celui de Christian Brochet, retraité de l'industrie mécanique, qui témoigne jeudi dans Le Parisien de son inquiétude avant le drame.

Cet usager de la gare de Brétigny sur Orge avait en effet adressé une lettre à la SNCF le 25 novembre 2010, dans laquelle il témoignait "avoir constaté 36 anomalies liées à la fixation du rail le plus proche de (lui)." Il y décrivait l'état des rails tels qu'il les avait vus, avec des vis cassées ou manquantes, et s'inquiétait du passage de "trains rapides" sur ces voies.

"Un 'clac' métallique très fort sur l'aiguillage"

Des impressions partagées par Stéphane, qui relate ses impressions de conducteur de train sur le site Rue89. "Chaque fois que je passe sur l'aiguillage de Brétigny, ça tape. Il y a un 'clac' métallique très fort, et un mouvement de caisse symptomatique d’un souci sur la voie." Une secousse qu'il n'avait néanmoins "jamais signalée" avant le drame, par crainte "des remarques de (son) chef en cas d'alerte inutile".

Le "mauvais entretien général du réseau"? Ce constat, il le partage régulièrement avec ses collègues. "On se retrouve dans des foyers, on discute avec des agents de la voie, de la gare. Entre nous, on se disait: 'Un jour, il y aura une catastrophe.'"

La SNCF concède la nécessité de travaux

La SNCF a concédé que des travaux de maintenance étaient nécessaires. Mardi à Limoges, le président de la compagnie ferroviaire Guillaume Pépy a précisé que des investissements avaient été engagés pour moderniser la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, sur laquelle passait l'Intercité qui a déraillé.

Sur les voies, les cheminots ont commencé la vérification des 5.000 éclisses, ces pieces métalliques servant à relier deux rails, qui émaillent les 30.000 km de réseau. Pour cette opération qui doit durer deux semaines, 700 agents ont été mobilisés, précise jeudi Le Parisien.