Bastien, tué dans un lave-linge: sa directrice d'école exprime ses remords au procès

Une photo du petit Bastien déposée à l'entrée de la maison de ses parents en novembre 2011. - Martin Bureau - AFP
En larmes, la directrice de l'école de Bastien a exprimé mercredi devant la cour d'assises ses remords, regrettant d'avoir signalé à sa mère une "bêtise" qui lui a valu d'être puni à mort par son père qui l'a enfermé dans la machine à laver. Le 24 novembre 2011, soit la veille du meurtre de Bastien pour lequel ses parents sont jugés depuis mardi devant les assises de Seine-et-Marne, Stéphanie Petitfrère a signalé à Charlène Cotte que son fils avait jeté dans les toilettes un dessin d'un camarade.
"Peut-être que Bastien serait encore là"
"J'ai lui ai signalé qu'il avait fait une bêtise de plus et qu'il fallait mettre en place quelque chose pour l'aider dans son comportement à l'école", a raconté la directrice, la voix hachée par l'émotion.
En rentrant de l'école le lendemain, Charlène Cotte raconte à son mari que Bastien a encore fait une bêtise. Pour le punir, son père le met dans la machine à laver et lance le programme essorage. L'enfant de trois ans décède des suites de ce mauvais traitement.
"Je me dis que si je n'avais pas informé la mère de cette bêtise, peut-être que Bastien serait encore là, même si je sais que c'est mon travail d'informer les parents des soucis qu'on peut rencontrer avec leurs enfants", a confié Stéphanie Petitfrère, en larmes.
"Mais vous ne lui avez rien dit", a tenté de la réconforter la présidente, Catherine Katz. "Vous avez fait votre travail, ce n'est pas votre faute", a renchéri l'avocat de l'association L'Enfant Bleu, Yves Crespin.
Un bleu à la tempe
L'enseignante, qui a quitté l'école de Germigny-l'Evêque après le drame, ne s'en est pas remise. "Je suis fréquemment en arrêt-maladie pour dépression", a-t-elle reconnu. Stéphanie Petitfrère a raconté avoir effectué un signalement au sujet de la grande soeur de Bastien "pour des problèmes d'hygiène" et parce que ses parents ne venaient jamais la chercher le soir avant 20h30-21h, la garderie fermant à 19h.
Mais "aucun signalement pour Bastien n'a été fait", a ajouté la directrice, décrivant "un enfant turbulent, mais comme un enfant de petite section peut l'être", même s'il avait tendance à se mettre en danger. Une fois, elle a convoqué ses parents parce qu'il avait un bleu à la tempe: il s'est cogné à une porte, a expliqué le père Christophe Champenois. Quant à Charlène Cotte, c'était "une maman volontaire, mais dépassée", a estimé la directrice. Pour autant, "je n'ai jamais vu de la part des parents de geste affectueux à l'égard de leur fils comme je peux en voir d'autres parents". Et la grande soeur? "Elle savait se faire oublier."