Macron loue en Jean-Pierre Elkabbach un "interviewer redoutable" lors d'un hommage contesté

Le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, le 21 octobre 2015 à Marseille - BORIS HORVAT © 2019 AFP
Emmanuel Macron a loué lundi en Jean-Pierre Elkabbach un journaliste "interviewer redoutable", qui réussit "à être de son temps et du nôtre", lors d'un hommage au siège de France Télévisions, contesté en interne, en l'honneur de son ancien patron décédé mardi dernier.
C'était "un journaliste qui voulait porter la plume, le nagra (enregistreur sonore portable utilisé en radio, ndlr), la caméra dans les plaies de l'époque", a-t-il souligné, alors que le bâtiment principal du siège de France Télévisions est rebaptisé "Maison Jean-Pierre Elkabbach".
"Il voulait en être, en être de son époque (...) de l'histoire qui s'écrit et se raconte, se transmet et demeure", a déclaré le président, devant un parterre de personnalités politiques et médiatiques, notamment Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions, ou encore le journaliste Alain Duhamel.
"Jean-Pierre Elkabbach finalement, réussit à en être, à être de son temps et du nôtre", a-t-il poursuivi. Il fut "un interviewer redoutable", a encore déclaré Emmanuel Macron, qui a aussi loué en lui un homme qui souhaitait "être une référence quand on lui reprochait ses révérences".
Hommage contesté
Il a estimé qu'à son arrivée en décembre 1993 à la tête de France 2 et France 3, Jean-Pierre Elkabbach "osa", en mettant en avant l'animateur Nagui, Arthur et Jean-Luc Delarue. "Cette audace pour lui n'avait pas de prix, elle fut sans doute hors de prix pour l'époque", a-t-il ajouté.
Après la révélation des contrats de centaines de millions de francs attribués à ces animateurs-producteurs stars, Jean-Pierre Elkabbach fut acculé à la démission en 1996. "Il a dilapidé les fonds de France Télévisions!", a lancé une femme à la fin du discours du chef de l'Etat, ce à quoi ce dernier a répondu: "la liberté d'expression n'est pas incompatible avec l'esprit de décence".
Dans deux communiqués distincts, le SNJ (principal syndicat de la profession) de France TV et la Société des journalistes de la Rédaction nationale ont indiqué qu'ils ne participaient pas à la cérémonie.
Le premier estime que le choix de la direction de rebaptiser le bâtiment principal de l'entreprise du nom du journaliste est une "décision prématurée" qui "ne fait pas consensus". Le second, qu'il est "impossible d'occulter les zones d'ombre de son parcours", notamment que M. Elkabbach, à la fin de sa carrière était "devenu conseiller de Vincent Bolloré et journaliste pour CNews".