"Il aurait pu verser dans la facilité mais il n'a pas voulu": une biographie retrace le "destin français" d'Alain Delon

L'acteur français Alain Delon le 19 mai 2019 au Festival de Cannes - CHRISTOPHE SIMON © 2019 AFP
Près de 900 pages consacrées à Alain Delon. Dans Alain Delon, un destin français (éditions du Nouveau monde), paru lundi 2 septembre, le journaliste Philippe Durant retrace le parcours de l'un des acteurs les plus emblématiques du cinéma français, mort le 18 août dernier à l'âge de 88 ans.
Il y raconte notamment comment ce comédien connu dans le monde entier, réputé entre autres pour sa beauté hors du commun, a manœuvré avec intelligence dans le monde du cinéma pour devenir le monstre sacré qu'il est aujourd'hui.
"Il fait du cinéma par accident, par des rencontres", résume l'auteur au micro de BFM Radio Soir.
"Il se rend compte d'une part qu'il n'est pas trop mauvais, qu'il adore faire ça, que ça l'amuse beaucoup, et d'autre part que les gens sur un plateau de tournage sont plutôt sympathiques, que les actrices sont plutôt belles et qu'en plus, on est bien payé."
"(Mais) il a compris très vite que pour vraiment faire carrière, il ne s'agissait pas seulement d'être beau comme Alain Delon mais qu'il fallait bosser, travailler, préparer ses rôles et surtout, rencontrer les bonnes personnes."
"Choisi par les meilleurs dès le début"
Parmi elles, le réalisateur Luchino Visconti, qui le choisit pour jouer dans Rocco et ses frères puis Le Guépard, en 1963, qui reste à ce jour l'un de ses rôles les plus emblématiques:
"Il a été choisi par les meilleurs dès le début, ces réalisateurs ont vu en lui le Delon que lui-même ne connaissait pas à ce moment-là, et qu'il a découvert et développé par la suite."
Car "plus sa carrière avance plus il sait que pour évoluer il doit fréquenter les meilleurs. Il se colle à eux, il veut apprendre avec eux et grâce à eux progresser. (...) il a compris que pour construire une carrière, il fallait d'abord réfléchir à sa carrière. C'est ce qu'il a fait."
Le spécialiste avance un autre exemple, celui du film Monsieur Klein de Joseph Losey (qui lui vaudra le César du meilleur acteur en 1977).
"Quand il fait Monsieur Klein, ce n'est pas dit que ce sera un grand film. Mais il a envie de le faire, il va jusqu'au bout, c'est un rôle difficile réalisé par Joseph Losey qui n'est pas un metteur en scène facile non plus (...) Il aurait pu verser dans la facilité mais il n'a pas voulu. Il a voulu, à chaque fois, monter d'un cran supplémentaire."

Alain Delon, un destin français, éditions du Nouveau monde, 884 pages, 27,90 euros