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Un hôpital parisien fait réagir après avoir lancé un appel aux dons pour l'achat d'un scanner

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L'hôpital parisien Georges-Pompidou a lancé jeudi un appel aux dons pour acheter un scanner. De quoi faire réagir, certains y voyant un manque de financement de l'hôpital public.

Vendredi après-midi, la publication avait été vue plus de neuf millions de fois. L'hôpital parisien Georges-Pompidou a publié ce jeudi 28 décembre un appel aux dons sur X (ex-Twitter) pour "aider à finaliser l’acquisition du premier scanner à comptage photonique".

Un message qui a beaucoup fait réagir. "Déjà que nous n’avons plus de médecins mais maintenant AP-HP fait un appel aux dons pour du matériel, rappelons-nous que la France est la 7e puissance économique mondiale!", a ainsi fustigé le député LFI Carlos Martens Bilongo.

"Si les ultra-riches et les entreprises multinationales payaient leur juste part d'impôt au lieu de pratiquer systématiquement l'évasion fiscale, les hôpitaux publics n'auraient pas besoin de faire des appels aux dons pour se financer", a aussi estimé l'association Attac. "Où vont nos impôts? Où va notre argent?", s'est de son côté interrogée la députée RN Laure Lavalette.

Des appels aux dons "très fréquents"

De son côté, l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) souligne que de telles opérations ne sont pas rares. "Les six groupes hospitalo-universitaires qui composent l’AP-HP disposent quasiment tous d’équipes dédiées au mécénat. Les appels aux dons sont très fréquents et s’intensifient particulièrement tous les mois de décembre qui marquent la fin de l’année fiscale", appuie-t-elle auprès de BFMTV.com.

"Les hôpitaux publics ont recours au mécénat", confirme Marie-France Bellin, présidente de la Société française de radiologie, une société savante. "Il se développe, comme dans d'autres secteurs" et "l'AP-PH a sa fondation, comme beaucoup d'hopitaux", ajoute-t-elle. Cette fondation a mobilisé plus de 112 millions d'euros depuis 2015, selon l'AP-HP.

Un scanner "majoritairement" financé par l'AP-HP

Est-ce un signe du manque de financement de l'hôpital public? L'AP-HP fait savoir que le scanner est "très majoritairement financé" par ses soins et que le mécénat et les dons "ne viennent qu'en appui". Cet équipement est également très onéreux, de l'ordre de quatre à cinq fois plus cher qu'un scanner conventionnel, selon Marie-France Bellin.

"Il y a un vrai engagement de l'Etat pour financer l'innovation dans le domaine de l'imagerie", affirme aussi Marie-France Bellin. Elle met notamment en avant l'appel à projets doté de 90 millions d'euros lancé en janvier par le gouvernement pour le développement d'équipements d'imagerie médicale.

Sur X, Thibaut Jacques, radiologue à Lille, juge toutefois qu'"il y a un souci de fond sur le financement des appareils d’imagerie en France, qui coûtent de plus en plus cher à enveloppe budgétaire constante ou en diminution".

"Ce qui nous choque réellement dans cette affaire, n'est-ce pas plutôt le sentiment que l'hôpital en serait réduit à demander l'aumône, illustrant ce que nous voyons tous: la dégradation des services publics malgré des impôts toujours plus hauts?", interroge sur le même réseau social Philippe Juvin, médecin chef des urgences de l'hôpital Georges Pompidou et ancien candidat à la primaire des Républicains.

Un "équipement de pointe"

L'hôpital Pompidou "serait le premier en région parisienne et le troisième en France à acquérir" un scanner à comptage photonique, un "équipement de pointe", souligne-t-il dans son appel aux dons. Un appareil qui "fait reculer les limites traditionnelles duscanner", d'après Marie-France Bellin.

Ses améliorations techniques pourraient ainsi permettre de "détecter des anomalies à un stade plus précoce qu'habituellement" et de réduire "la dose de rayons X émis", ce qui présente un avantage pour les patients, explique la radiologue. La publicité de son appel semble en tout cas avoir bénéficié à l'AP-HP, qui affirme que les dons "sont en augmentation ces dernières 24 heures".

Sophie Cazaux