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Paris Île-de-France

Paris: une manifestation pour demander la transformation d'un lycée vide en centre d'hébergement d'urgence

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Une centaine de personnes se sont mobilisés mercredi 20 novembre devant le lycée Georges-Brassens puis devant la mairie du 19e arrondissement. La région assure ne plus être décisionnaire dans ce dossier.

Les flocons de neige tombés à Paris ce jeudi 21 novembre vont encore compliquer une situation déjà plus que précaire. L'arrivée du froid, ces derniers jours, rend encore plus urgente la nécessité de trouver un abri pour les personnes sans domicile.

Dans la soirée de mercredi, un peu moins d'une centaine de personnes -habitants, élus, syndicats et associations- ont manifesté devant l'hôtel de ville du 19e arrondissement de la capitale, banderoles à l'appui. Pour la troisième fois, tous réclament la mise à disposition de lycées du secteur pour accueillir les plus fragiles, en particulier les familles avec enfants.

"Je ne sais pas comment il faut faire. On est sous la pluie. Si on peut nous aider, je suis partant. [...] Je travaille, j'ai le droit", souffle Adama Doukouré, en recherche d'un logement, au micro de BFM Paris Île-de-France.

Cinq lycées transformés l'an dernier

L'an passé, l'exécutif régional "a mis ces lycées à disposition dans le but d'être transformés en centres d'hébergement", tient à rappeler Manon Luquet, membre du collectif Jamais sans toit, drapée d'une écharpe autour du cou et d'un bonnet sur la tête. "Il y avait ces cinq lycées mis à disposition donc on attend l'ouverture de cinq lycées transformés."

La marche s'est arrêtée devant l'un d'eux. En l'occurrence le lycée Georges-Brassens, situé rue Manin. L'établissement est vide depuis un an et demi. À terme, il deviendra un centre culturel.

"En attendant que les travaux commencent, le lycée peut largement accueillir pour cet hiver et éventuellement l'hiver prochain une grande partie des familles qui dorment à la rue dans Paris", soutient la militante, dont l'association est à l'origine de la manifestation. "Parce que, tous les jours, il y a des enfants qui sortent de l'école, qui vont dormir dans un parc, aux urgences ou dans une gare."

"Inacceptable"

À ses côtés, écharpe tricolore sur l'épaule, Hadrien Bortot a aussi répondu à l'appel. "On sent aussi qu'il y a quelques réticences à l'ouvrir vite (le lycée, NDLR). Donc on est là pour pousser parce qu'on trouve ça inacceptable", s'alarme l'adjoint communiste au maire du 19e arrondissement.

"Aujourd'hui, il y a des parents d'élèves, il y a des familles et beaucoup de gens trouvent ça inacceptable quand des solutions ne sont pas offertes quand elles sont aussi faciles à mettre en œuvre", déplore-t-il encore.

Fatoumata Koné, présidente du groupe écologiste à la mairie centrale, défend de la même manière la réquisition des lieux inoccupés "alors que les températures sont glaciales".

Dans un communiqué, le sénateur communiste de Paris Ian Brossat a aussi appelé le gouvernement à "permettre à la ville de Paris de réquisitionner" les bâtiments vides. "Aujourd’hui, seul le Préfet peut permettre la réquisition de bâtiments. De fait, il n’utilise jamais ce droit. Il est temps pour les communes de récupérer cette compétence, elles qui sont au plus près du terrain", appuie-t-il.

La mairie favorable à la transformation du lycée

La ville, par vœu adopté en conseil de Paris, s'est dite favorable à la mobilisation du lycée Georges-Brassens pour améliorer l'offre d'hébergement d'urgence. Patrick Bloche, le bras droit d'Anne Hidalgo, a indiqué qu'une association de lutte contre les violences faites aux femmes doit s'y installer prochainement, mais pas dans la totalité du bâtiment. Ce dernier pourrait potentiellement accueillir le collectif ainsi que des familles en détresse.

En charge de la gestion des lycées, la région Île-de-France assure que le lycée Georges-Brassens est désormais désaffecté. Il aurait été remis sous la coupe de l'État, désormais décisionnaire dans ce dossier.

En attendant, la mairie du 19e arrondissement a mis à disposition des familles, ayant des enfants scolarisés dans le secteur, un local municipal lundi soir. Il s'agit de l'ancien Centre du goût, déjà transformé l'an passé. Il peut accueillir jusqu'à 50 familles.

La municipalité centrale, de son côté, aimerait mettre à disposition des sans-abri le lycée Brassaï, dans le 15e arrondissement, mais elle se heurte au refus de la région et de la mairie locale. En revanche, elle se satisfait d'avoir pu réquisitionner d'autres adresses, sans préciser lesquelles.

Adel Abderrahim et Nicolas Dumas avec Florian Bouhot