Paris: un campement place de la Bastille pour alerter sur le sort des jeunes migrants isolés

Le campement de jeunes migrants, près de la place de la République (Photo d'illustration) - Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Une association a installé samedi, place de la Bastille à Paris, un campement destiné à une trentaine de mineurs isolés afin d'alerter sur la situation de ces jeunes migrants à la rue, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des tentes individuelles s'alignaient à côté d'un barnum, une installation qui devrait rester en place "pour une durée illimitée", selon un communiqué de l'association d'aide aux migrants Utopia 56.
"L'objectif, c'est de demander la création de structures d'accompagnement et d'hébergement pour les mineurs isolés", a expliqué à l'AFP Pierre Mathurin, coordinateur d'Utopia 56 Paris.
Des jeunes "au parcours d'exil traumatique"
A leur arrivée en France, les mineurs non accompagnés doivent passer une évaluation pour faire reconnaître leur minorité. S'ils ne sont pas reconnus comme mineurs, ils peuvent effectuer un recours auprès de la justice.
"Ces jeunes se retrouvent à la rue en attendant que leur recours soit examiné par le juge des enfants alors qu'ils sont vulnérables et qu'ils ont souvent un parcours d'exil traumatique", a déploré Pierre Mathurin.
L'association demande "la reconnaissance et le respect de la présomption de minorité, de l'intérêt supérieur de l'enfant et du droit au recours effectif, partout en France, jusqu'à décision contraire du juge des enfants".
"L'Etat fabrique de la violence"
Invité sur BFM Paris, Yann Manzi, fondateur et directeur bénévole d'Utopia 56, a dénoncé vendredi "un abandon total de l'Etat" pour les mineurs isolés.
"Derrière ce sont des drames, car la rue ça tue, la rue c'est violent, donc l'Etat fabrique de la violence en ne prennant pas en charge ces jeunes" a-t-il déclaré.
"On veut que ces enfants soient pris en charge, mis à l'abri, qu'ils aient un toit sur la tête, qu'ils puissent manger, étudier, avoir des cours de français, le b.a-ba d'une intégration. Ce sont des gens qui sont sur notre territoire, et qu'on ne peut pas laisser vivre sur le trottoir de nos villes", a dénoncé le fondateur de l'association, avant d'estimer que "la France a signé la Convention sur les droits de l'enfant mais ne la respecte pas".
Les associations dénoncent les "carences de l'Etat"
Environ 65% des jeunes accompagnés par Utopia 56 à Paris ont finalement été reconnus mineurs en 2021, à l'issue d'un recours. En 2021, l'association a accompagné plus de 500 jeunes en France.
La semaine dernière, la Ligue des Droits de l'homme et une soixantaine d'autres associations ont appelé à "protéger d'urgence" les mineurs isolés, dénonçant les "carences" de l'État pour leur prise en charge.
Selon une estimation de l'Assemblée des départements de France, environ 40.000 mineurs isolés étrangers étaient pris en charge en 2020 au titre de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Pour l'année 2019, plus de 16.000 mineurs ont été confiés à l'ASE par décision de justice.