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Paris: la consommation de "gaz hilarant" interdite aux mineurs dans les lieux publics

Des capsules de protoxyde d'azote, ou "gaz hilarant" en janvier 2019 à Lille (illustration)

Des capsules de protoxyde d'azote, ou "gaz hilarant" en janvier 2019 à Lille (illustration) - DENIS CHARLET © 2019 AFP

Cette mesure, destinée à enrayer "une recrudescence" des cas, sera en vigueur jusqu'au 31 juillet inclus.

"Une recrudescence inquiétante chez les jeunes." La préfecture de police de Paris tire la sonnette d'alarme sur la consommation par les mineurs de protoxyde d'azote, plus connu sous le nom de "gaz hilarant".

Dans un arrêté pris ce mardi, la préfecture de police interdit dès ce mercredi et jusqu'au 31 juillet inclus la consommation de protoxyde d'azote aux mineurs sur la voie publique, mais également dans les lieux publics comme les établissements scolaires, les lieux culturels, les stades, ou encore aux abords des quais et canaux parisiens.

L'interdiction couvre de nombreuses zones des 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 14e, 15e, 16e, 17e, 18e, 19e et 20e arrondissements, notamment le secteur des Champs-Elysées, du Champ-de-Mars, de la place de la Bastille, de la Nation et de la République.

"Faire de la prévention"

L'arrêté préfectoral interdit également toute "détention par les mineurs de cartouches d'aluminium, bonbonnes et bouteilles (...) ou tout autre récipient sous pression" contenant du protoxyde d'azote. Laisser ces mêmes contenants sur la voie publique est aussi prohibé.

Par ces interdictions, la préfecture souhaite lutter contre la consommation de protoxyde d'azote chez les jeunes, "parfois en dehors de tout contexte festif, accentuant la banalisation de son usage".

La préfecture de police fait état d'un "nombre de cas évalués par le réseau d’addictovigilance multiplié par 10 depuis 2019".

La préfecture de police avait déjà annoncé en début d'année travailler avec les mairies d'arrondissement à l'élaboration de cet arrêté interdisant la consommation de protoxyde d'azote aux mineurs dans les lieux publics.

"Ça a créé des accidents. Une jeune femme a confondu le frein et l'accélérateur et a malheureusement écrasé quatre personnes, notamment des touristes sur l'avenue des Champs-Élysées", déplorait Jeanne d'Hauteserre, maire du 8e arrondissement, au micro de BFM Paris Île-de-France.

La mairie émet des réserves

De son côté, la mairie de Paris émet des réserves concernant l'arrêté préfectoral, qui ne sera, selon elle, efficace que s'il permet de faire de la prévention auprès des mineurs concernés.

"Il y a une action à avoir sur ces jeunes. Il est important de les prendre en charge. Les voir consommer dans la rue doit être une alerte, déclare Anne Souyris, adjointe à la maire de Paris en charge de la santé. Il faut utiliser cet arrêté pour faire de la prévention. Ce sera contre-efficace si on fait des sanctions."

Elle précise qu'une étude est menée par la ville concernant la "fréquence d'utilisation" du protoxyde d'azote chez les mineurs, dont les résultats seront présentés aux maires d'arrondissement.

Des conséquences neurologiques

Les infections au protoxyde d'azote peuvent notamment provoquer des troubles neurologiques, ayant des effets sur la motricité, rappelait en début d'année le CHU de Lille.

"Ça peut aller des petits fourmillements, des paresthésies, jusqu'à des pertes motrices plus complètes, avec des patients qui vont avoir une perte d'usage de leurs jambes", expliquait au micro de BFMTV le Dr Guillaume Grzych, maître de conférence des universités et praticien hospitalier au CHU de Lille.

La préfecture de police de Paris indique quant à elle que le protoxyde d'azote est désormais "la troisième substance la plus consommée hors tabac et alcool, alors même qu'il fait l'objet d'une inscription sur la liste des substances vénéneuses".

La hausse de la consommation de protoxyde d'azote ne concerne pas seulement la capitale, mais inquiète à l'échelle Européenne. Le gouvernement britannique a notamment annoncé fin mars l'interdiction prochaine de ce gaz. Aux Pays-Bas, la possession et la vente de protoxyde d'azote est interdite depuis le 1er janvier

Constance Bostoen et Nicolas Dumas avec Laurène Rocheteau