Ce que l’on sait de la mort d’un adolescent de 15 ans, tué lors d’une rixe à Ézanville

Une rixe entre bandes rivales a fait un mort lundi 4 décembre à Ézanville (Val-d’Oise). Un adolescent de 15 ans a été mortellement poignardé à l’arme blanche. Une enquête a été ouverte pour "homicide volontaire".
• Un adolescent de 15 tué à l’arme blanche
Il est aux alentours de 18 heures lorsqu'une rixe éclate entre deux bandes rivales sur le parking d’une zone commerciale à Ézanville. Un jeune, âgé de 15 ans, est touché à l’arme blanche. Malgré l’intervention des secours, l’adolescent est déclaré mort sur place entre 19 et 20 heures.
D’après le procureur de la République, la victime, scolarisée en seconde au lycée George-Sand de Domont, a reçu un unique coup de couteau au niveau du thorax.
• "Ils l'ont attendu à un coin de la rue"
Quatre à cinq personnes ont participé à cette rixe, rapporte Éric Battaglia, le maire d'Ézanville à BFMTV.
"Il y a eu un problème en fin de semaine dernière avec le jeune homme et les jeunes de Domont", détaille-t-il. "Ils s'étaient promis de se retrouver."
Lundi soir, l'adolescent est tombé sur une bande de quatre à cinq personnes alors qu'il regagnait son domicile en compagnie de deux de ses camarades.
"Ils l'ont attendu à un coin de rue à la limite de Domont", explique le maire. Les coups sont partis un petit peu et, à un moment donné, quelqu'un a sorti une arme blanche. Plus tôt dans la matinée, Éric Battaglia expliquait que l'altercation avait pour origine "une histoire banale de baskets".
Deux amies de l’adolescent, venues déposer des fleurs sur les lieux du drame, ont rapporté que leur ami se sentait menacé ces derniers jours. "Toute sa classe m'a dit qu'il était très inquiet", relate Louison. "Je suis mal par rapport à ça mais je n'arrive pas encore à réaliser", ajoute-t-elle.
"Je savais qu’il y avait de la rivalité, mais je n’aurais jamais pensé qu’il allait y avoir un mort", rapporte une autre amie de la victime à BFMTV. "Au début, c'était juste des bagarres."
• "Des années" de rivalité entre bandes
D'après le maire de Domont, Frédéric Bourdin, ces rivalités entre bandes existent depuis plusieurs années. "Cela fait partie des choses qui nous échappent", indique l'élu à BFMTV. "(...) Vous avez des rivalités qui sont un peu ancestrales, c'est-à-dire que ça dure depuis plusieurs décades."
"Tout ça, ça repose sur du vide, rien du tout", poursuit-il. "Et on va se tuer aujourd'hui pour des raisons qui ne sont rien." "On meurt pour rien", conclut Frédéric Bourdin.
"Ça fait des années. Ce sont toujours des rivalités de quartier entre Domont et Ézanville", confirme Éric Battaglia, le maire de la commune. "Cela fait plus d'une vingtaine d'années, mais c'était bon enfant. Ça se croisait au lycée et au collège même à l'école primaire, et c'est d'une ville à l'autre."
Les rivalités se sont néanmoins aggravées avec le temps. "Trois décès à 48 heures dans le Val-d'Oise, je trouve ça dramatique", ajoute-t-il. "J'ai beaucoup de mal à comprendre cette jeunesse."
À Ézanville, le maire se "croyait à l'abri" des rixes mortelles. "Certains jeunes sont incontrôlables et ne se rendent pas compte de l'acte qu'ils ont commis", regrette l'édile. "Je ne sais pas si la personne qui a fait l'acte est mineure ou majeure, dans tous les cas, elle a tué un jeune homme et elle a détruit une famille."
Pour Éric Battaglia, il s'agit là "d'une guerre générationnelle". "Sur le territoire, il n'y a pas de problème" (...), poursuit-il. "On a d'excellents rapports avec la ville de Domont, ils se côtoient. Malheureusement, quelques individus sortent du lot. Ils sont agressifs et incontrôlables."
• Un jeune "très impliqué"
L’adolescent de 15 ans mortellement poignardé était "connu positivement de la commune", soutient le maire d’Ézanville. Il était "très impliqué, au service jeunesse, au niveau de l’aide aux devoirs", poursuit l’élu.
Une cellule psychologique a été ouverte dans l’établissement où la victime était scolarisée.
• La crainte de débordements
Éric Battaglia explique craindre "des attroupements" de jeunes dans les prochaines heures. "J’ai envoyé tous mes animateurs du service jeunesse pour avoir un peu d’informations, calmer nos jeunes aussi, car forcément, ils veulent venger leur petit camarade", a-t-il complété.
Craignant des troubles à l'ordre public, des forces de l'ordre ont été dépêchées sur place dans la soirée. Il y avait notamment quatre pelotons de surveillance de la gendarmerie dans le dispositif, ainsi qu'une quinzaine d'hommes de la compagnie d'intervention du Val-d'Oise.
Des CRS ont également été déployés en renfort. Mais à 1 heure du matin, tout était calme, certains des effectifs sont donc repartis. "La tension montait vraiment et ça a pu se calmer aux environs de minuit", a souligné Éric Battaglia.
Dans la soirée, un jeune s’est présenté à la brigade de gendarmerie de Domont, légèrement blessé, mais son pronostic vital n’était pas engagé.
• La famille de la victime appelle au calme
"J'ai rencontré deux fois aujourd'hui la famille, la maman. Le mot d'ordre est d'apaiser", explique Éric Battaglia. "On ne veut pas qu'un deuxième drame arrive."
Le maire d'Ézanville a également annoncé qu'une marche blanche allait être organisée dans la commune. "Je n'ai pas encore la date", précise néanmoins le maire.
Une enquête pour "homicide volontaire" a été ouverte et les investigations ont été confiées à la brigade de gendarmerie de Montmorency. L’adolescent tué dans la rixe était inconnu des services de police.