Attaque à la gare de Lyon: pourquoi le parquet national anti-terroriste ne se saisit pas

Un soldat de l'opération Sentinelle dans un hall de la gare de Lyon à Paris le 3 février 2024 après une attaque à l'arme blanche. - Thomas SAMSON © 2019 AFP
Quatre jours après l'attaque gare de Lyon à Paris samedi 3 février, le parquet national anti-terroriste (PNAT) explique sa décision de ne pas s'être saisi de l'enquête. Si le parquet reconnaît auprès de BFMTV que "le mode opératoire peut paraître similaire à certains actes qualifiés de terroristes", tous les éléments pour sa saisine ne sont pas réunis, selon lui.
"L’exigence juridique indispensable pour permettre la saisine du PNAT est l’existence d'une entreprise individuelle en vue de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur", explique le parquet.
"En l’espèce, selon le résultat des premières investigations, cette exigence n’est pas établie, dès lors que l'intéressé a justifié son action par des motivations personnelles", poursuit le PNAT.
Pas en lien avec des organisations terroristes
Le suspect, un homme de 32 ans d'origine malienne et qui a présenté des papiers d'identité italiens aux policiers, a affirmé lors de sa garde à vue que son geste avait été prémédité.
Selon ses déclarations, il s'inscrit dans un esprit de vengeance, le suspect disant "souffrir de la situation que la France a imposée à son grand-père", a appris BFMTV d'une source proche de l'enquête.
De plus, les enquêteurs ont authentifié un compte TikTok au nom de l'assaillant, sur lequel il exprimait son ressentiment à l'égard de la France, par rapport à l'intervention militaire de cette dernière au Mali.
Il explique au cours de ses auditions que son acte n'était pas un acte terroriste. Par ailleurs, pour que le PNAT se saisisse, il ne suffit pas qu'un individu justifie son acte au nom d'une idéologie terroriste, il faut des actes antérieurs qui confirment ces propos.
Son état psychiatrique pris en compte
"Les premières investigations peuvent laisser penser que sa détestation alléguée des Français serait plutôt susceptible de résulter d'un emprunt à l'actualité lié aux troubles psychiques de l'intéressé que d'une idéologie à laquelle il adhère", note le PNAT.
Selon une source proche de l'enquête à BFMTV, après analyse des comptes, appareils de l'assaillant et auditions du suspect, les enquêteurs n'ont pas trouvé d'éléments qui lient l'homme à une organisation ou idéologie qu'il est possible de qualifier de terroriste
Son état psychiatrique a été pris en compte par le PNAT, alors que la garde à vue du suspect, inconnu de la justice jusque là, a été interrompue temporairement en raison de ses troubles psychiques. Une "très forte dimension psychiatrique" se dessine dans ce dossier, insiste une source proche du dossier auprès de BFMTV.