Un suspect qui évoque "des pulsions", cinq animaux morts… Ce que l'on sait des mutilations de chevaux en Normandie

Depuis plusieurs semaines, des chevaux étaient retrouvés gravement mutilés dans les alentours du Havre (Seine-Maritime), blessés ou tués dans des procédés similaires. Un homme a finalement été interpellé ce mercredi 6 août, quelques jours après une nouvelle attaque de chevaux.
• Sept faits d'agressions retenus
Les premiers faits signalés de chevaux mutilés remontent à la nuit du 6 au 7 mai 2025, tandis que les derniers actes de cruauté ont été commis dans la nuit du 31 juillet au 1er août à Saint-Martin-du-Manoir.
Au total, sept faits d'agressions d'équidés ont été retenues sur cette période, a précisé la procureure de la République du Havre, Soïzic Guillaume dans une conférence de presse ce jeudi 7 août, sans exclure que d'autres actes peuvent être rapprochés plus tard à cette affaire.
Au total, cinq chevaux sont morts, soit à la suite directe des sévices graves qu'ils ont subies, soit par euthanasie nécessaire au vu des blessures qu'ils présentaient. Dix autres équidés ont été gravement blessés.
"À chaque fois (...), les équidés étaient victimes de lacérations, plus ou moins profondes, parfois jusqu'à huit centimètres. Certains ont eu les yeux crevés et ou présentaient des fractures et écrasements liés à des coups portés", a détaillé la procureure.
L'utilisation d'objets tranchants ou contondants a été prouvée dans chaque cas de mutilations recensées.
• Une interpellation après la découverte de sang humain
L'enquête a été longue car les gendarmes ont dû faire la distinction entre les sévices occasionnés par la main de l'homme et les blessures graves mais accidentelles qui peuvent arriver. En parallèle, les propriétaires de chevaux avaient été informés de ce qu'il se passait sur le territoire pour qu'ils puissent mettre en place des mesures de protection de leurs animaux.
Un suspect a finalement été interpellé et mis en garde à vue mercredi 6 août. L'homme a pu être interpellé après la découverte de son sang sur les lieux de la dernière attaque. "Il s'est vraisemblablement blessé au moment de la commission des faits", avance Soïzic Guillaume.
Une analyse a été faite "en urgence" et le suspect, déjà inscrit au fichier national automatisé des empreintes génétiques, a été identifié.
Lors des perquisitions menées à son domicile et son véhicule, les enquêteurs ont retrouvé un cutter présentant des traces de sang séché ou encore une machette avec des traces "rougeâtres", ainsi qu'un enrouleur avec un ruban de clôture électrifié et des monoculaires à vision de nuit. Il avait également des biscuits pour chevaux.
• Il assure avoir "obéi à des pulsions"
Le suspect est âgé de 23 ans et réside à proximité du lieu de commission de plusieurs faits, dans la banlieue du Havre, a appris BFMTV de source proche du dossier. Il est connu de la justice pour des faits de violence lorsqu'il était mineur mais pas pour des faits similaires.
Il "n'a pas de lien particulier avec les équidés", a tenu à souligner la procureure de la République du Havre. Seule sa petite amie possède des chevaux.
Au moment de son interpellation, il présentait une blessure à la main et a affirmé s'être blessé au travail, bien qu'"aucun élément extérieur ne pouvait objectiver ses explications", ajoute Soïzic Guillaume.
En garde à vue, le suspect a reconnu sa présence sur deux faits, ceux du 31 juillet au 1er août et ceux du 26 au 27 juin à Saint-Vaast-Dieppedalle, où un cheval est mort dans les deux cas.
Le cheval mort sur cette dernière commune appartenait par ailleurs à sa petite amie, "sans que ce dernier n'est fait état d'un conflit particulier avec elle". Sa petite amie a été elle aussi entendue, sans donner d'explications plus claires sur la situation.
Le suspect a toutefois avoué ne pas pouvoir expliquer son geste. Il évoque "avoir obéi à des pulsions" qui l'ont conduit à agir. Mais il conteste être à l'origine des autres mutilations de chevaux recensés.
• Le prévenu placé en détention provisoire
Une expertise psychiatrique réalisée lors de sa garde à vue a établi que le suspect présentait "une possible altération du discernement au moment des faits" mais l'expert a demandé une seconde analyse "plus à distance des faits et de la garde à vue".
Mais lors de l'entretien, l'expert a noté que l'homme "ne présentait aucun trouble psychiatrique pouvant altérer ou abolir son discernement", détaille la procureure, ce qui le rend responsable pénalement.
Présenté au parquet du Havre mercredi soir, pour "sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique", "sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique ayant pu entraîner la mort" ainsi que pour "port et transport d'armes de catégorie D." Il risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement.
Une comparution à délai différé a été retenue, et le prévenu a été placé en détention provisoire en attendant son jugement prévu le 26 septembre. Une expertise psychiatrique a été ordonnée pour éclairer le tribunal sur la personnalité du prévenu et son discernement. L’avocate du prévenu va faire appel du placement en détention provisoire, a-t-elle indiqué à BFMTV.