Orages en Corse: Météo-France répond à la polémique et se défend

Au lendemain des violents orages qui se sont abattus sur la Corse, le déclenchement tardif de l'alerte orange aux orages en Corse questionne. Tristan Amm, prévisionniste chez l'institut national, rappelle sur BFMTV que la météo n'est pas une science exacte.

Le bilan humain est dramatique: cinq personnes sont mortes et une vingtaine ont été blessées. En déplacement à Calvi ce vendredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé la mauvaise appréciation des vents par Météo-France au lendemain des violents orages qui se sont abattus sur la Corse. Une accusation dont se défend Météo-France ce vendredi, sur notre antenne.

Tristan Amm, prévisionniste l'institut national, est revenu sur le déroulé des événements sur BFMTV: "Il y a plusieurs raisons qui font que cette vigilance orange a été déclenchée dans les dernières minutes", a-t-il affirmé.

"Avant-hier [mercredi, NDLR], il y avait un modèle Arome (Un modèle de prévision numérique du temps utilisé par Météo-France, NDLR) qui prévoyait de fortes rafales au niveau de la Corse, mais dans notre rationalité, on a préféré prendre un scénario plus raisonnable."

La météo n'étant pas une science exacte, "il arrive que Arome ait tort", souligne le prévisionniste. "En mer, on n'a pas énormément d'observations par rapport au continent et à ce moment-là, quand on voyait les orages approcher, on avait pas suffisamment de données pour vraiment nous recaler par rapport aux observations réelles des vents", poursuit-il. Raison pour laquelle, d’après Tristan Amm, "la vigilance orange a été déclenchée très rapidement quand les orages sont arrivés sur la Corse".

La vigilance oranges aux orages tombe à 8h35

Dans le dernier bulletin de Météo-France avant les événements, la Corse est placée en vigilance jaune ("soyez attentif"), jeudi à 6 heures. "De puissants orages (..) en mer à proximité de la Corse, avec de fortes rafales de vent" pourraient "très temporairement affecter les côtes ouest et nord", avertit l'institut à cet instant.

Au fil de la matinée, le temps se dégrade rapidement. Une première alerte est donnée à 8h04. Dans un tweet, le compte Vigi Météo-France annonce qu'une "ligne d'orages forts particulièrement organisée va aborder l'Ouest Corse dans les minutes qui viennent". La vigilance orange aux orages ne tombe qu'une demi-heure après, à 8h35.

Un laps de temps limité qui aurait permis une évacuation d’urgence, d'après Gérald Darmanin. "L'alerte météo est arrivée quelques minutes avant l’évacuation des campings", déplore le ministre de l’Intérieur. Deux personnes sont mortes dans un camping, une jeune fille de 13 ans et un homme de 46 ans, à cause de l'orage.

Les préfectures "étaient au courant des risques d'orages violents"

D'après Tristan Amm, "les chefs prévisionnistes ont prévenu les préfectures. Elles étaient au courant des risques d'orages violents avant même que la vigilance orange ne tombe". Si les préfectures ont bel et bien été alertées la veille au soir du passage de l’île de beauté en vigilance jaune, Gérald Darmanin déplore de son côté que les risques n'aient pas été mieux jaugés par l'institut national.

"L'alerte météo avait été donnée aux services de la préfecture la veille au soir. Les préfectures ont fait leur travail en alertant tous les responsables économiques et les responsables communaux de ces vents", affirme le ministre de l'Intérieur.

"On s'attendait, puisque c’était l’alerte de Météo-France, à des vents à 100 km/h. Et ils sont arrivés jusqu’à 200 km/h. C’est l’alerte météo n’a pas permis de bien qualifier comme il le fallait les vents”, conclut Gérald Darmanin.

Charlotte Lesage