"Je me sens lâché par ma hiérarchie": des policiers affirment être victimes de pression pour reprendre le travail

Un mouvement qui dure. Depuis plus de deux semaines, des centaines de policiers sont en arrêt maladie pour dénoncer le maintien en détention de leur collègue, accusé d'avoir gravement blessé Hedi en marge des émeutes à Marseille.
Mais aujourd'hui, les fonctionnaires de police sont sommés par leur hiérarchie de reprendre le travail. C'est ce qu'affirme ce policier, arrêté depuis plusieurs jours par son médecin. Il explique recevoir régulièrement des appels de ses supérieurs, qui n'hésiteraient pas à brandir la menace d'une retenue de salaire.
"Je ne vois pas pourquoi je vais prendre des risques tous les jours. Ce n'est plus possible. J'ai une famille qui compte sur moi. J'ai besoin d'avoir mon salaire. J'ai besoin de faire quelque chose que j'aime, (car) j'aime mon métier", témoigne ce policier en arrêt maladie au micro de BFMTV.
Cette fronde, selon ce policier interrogé, va bien au-delà des sanctions prises à l'égard de leur collègue. Il assure que la police "est malade depuis des années (...) et qu'il faut y remédier".
"Les sanctions font que je me sens lâché par ma hiérarchie. Je ne me vois pas reprendre le travail. J'ai peur de me retrouver en détention, je ne sais pas si je prendrai les bonnes décisions. Je peux me mettre en danger ou mettre en danger mes collègues", poursuit-il.
Des policiers fatigués par les émeutes
À Marseille, épicentre de cette fronde des policiers, la colère et l'incompréhension sont désormais les sentiments qui règnent chez les forces de l'ordre.
Les policiers marseillais, présents dans les rues lors des émeutes survenues après la mort de Nahel, expliquent avoir "reçu des consignes. Si c'était à refaire, on laisserait tout casser", assure Patrick.
Face aux avertissements et aux sanctions, les policiers en arrêt maladie cherchent maintenant de nouvelles solutions pour faire perdurer le mouvement dans le temps.
"Comme font certains collègues, on va faire le fameux code 562, c'est-à-dire répondre uniquement aux appels d'urgence. On va faire le strict minimum", affirme Patrick.
Mais selon Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, le mouvement est déjà en train de s'essouffler. Selon elle, "la situation s'est nettement améliorée sur le front des arrêts maladie. Depuis plusieurs jours, le dispositif est quasiment revenu à la normale".
Dans une note interne, la préfecture de police de Paris rappelle que toute "cessation concertée du service ou tout acte collectif d'indiscipline caractérisé peut être sanctionné."