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"Ma mère n'a pas commis de crime": un Lyonnais, confronté à deux reprises au suicide assisté, témoigne

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Les députés votent solennellement ce mardi la proposition de loi sur la fin de vie et l'aide médicale active à mourir. Un espoir qui se concrétise pour Michaël Gremaud, Lyonnais d'origine suisse, qui a déjà été confronté à deux reprises au suicide assisté.

La fin d'un long périple parlementaire. Les députés se prononcent définitivement ce mardi 27 mai sur la création d'un droit à l'aide à mourir. Les militants retiennent leur souffle, après des années de combat pour mettre en place un suicide assisté au même titre que beaucoup de nos voisins francophones.

Beaucoup ont déjà eu affaire à l'aide à mourir, avant la création de la proposition de loi. C'est le cas de Michaël Gremaud, un Lyonnais habitant du 7e arrondissement d'origine suisse. Dans le canton de Genève, l'euthanasie assistée est autorisée.

À deux reprises dans sa vie, il a accompagné des membres de sa famille dans ce dispositif d'aide au suicide. La première fois, Michaël a six ans lorsque sa mère, bipolaire, choisi l'aide à mourir en 1998. Dix-sept ans plus tard, c'est sa tante, alors tétraplégique, qui a recours au dispositif.

"Elle enchaînait les injections de morphine à l'hôpital. C'est la souffrance qui l'a amenée à décider de cet acte", raconte-t-il à BFM Lyon.

"Je suis très fier d'elle"

Michaël témoigne aujourd'hui, en plein débat autour de la fin de vie en France, après avoir été confronté à une inscription sur le pont Gallieni de Lyon. "En faisant du vélo, j'ai vu que quelqu'un avait tagué 'Euthanasie=meurtre'. Ça m'a donné envie de réagir."

"Ma mère, elle n'a pas commis de crime. Elle a eu un acte courageux, délibéré. Elle savait très bien ce qu'elle faisait, et moi je suis très fier d'elle", assure cet ingénieur.

Et d'ajouter: "Je suis très fier qu'elle ait fait ce geste, parce qu'elle s'est rendue compte que pour elle-même et pour aussi mon avenir, il y avait des jours plus heureux qui s'annonçaient en agissant ainsi."

"C'est tout simplement ignoble de dire que ma mère a pu commettre un crime en se faisant euthanasier. C'est juste abominable."

"Leur parole va enfin se libérer"

Michaël attend aujourd'hui beaucoup du vote des députés ce mardi. Il ne cache pas sa joie de voir que la France se saisit, enfin, de la question de l'accompagnement sur la fin de vie. Pour lui, la fin de vie est avant tout un choix de dignité.

"Toutes ces personnes, qui sont malades et souffrantes, leur parole va enfin se libérer", explique-t-il. "Elles vont pouvoir en parler à leur famille, à leurs proches. Aujourd'hui, ces personnes-là n'ont pas de perspectives thérapeutiques. Demain, elles pourront disposer librement de leur corps."

En France, la demande d'être accompagnée dans un processus de suicide semble de plus en plus forte. Le nombre de personnes qui se rendent à l'étranger, pour y avoir recours, est de plus en plus élevé au fil des ans. Si l'Assemblée nationale vote les textes de loi ce mardi après-midi, ces derniers passeront ensuite par le Sénat.

Hugo Caprioli et Maeva Commecy, avec Juliette Moreau Alvarez