Virginia Raggi, la maire de Rome, enlisée dans une série de scandales

La maire de Rome, Virginia Raggi, lors du vote pour le référendum le 4 décembre 2016. - ANDREAS SOLARO - AFP
Virginia Raggi a été élue, et bien élue (avec 67% des voix au second tour), maire de Rome en juin dernier. Mais cette personnalité du Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo a connu des débuts difficiles à la tête de l’Hôtel de ville, notamment au moment de former son équipe. Depuis quelques jours, sa situation s’est même aggravée, signale Le Monde, après des départs en cascade dans son entourage, souvent du fait de la justice, et l’émergence de remontrances à son encontre dans les instances de son parti.
Quelques départs et une arrestation
Lundi, c’est d’abord Paola Muraro, chargée de la propreté de la ville (un des grands axes de la campagne électorale de Virginia Raggi), qui démissionnait. Cette proche de la maire est accusée de délits environnementaux. Mais la grande affaire romaine ces temps-ci concerne le désormais ex-chef du personnel de la mairie: Raffaele Marra. Et cette fois-ci, on est loin d’une simple démission.
Raffaele Marra a été arrêté ce vendredi. Il s’agit d’une nouvelle étape dans une enquête qui cherche à savoir s’il a bien perçu 367.000 euros de pots-de-vin en 2013 pour favoriser un entrepreneur dans le rachat d’un immeuble alors qu’il avait la responsabilité du logement dans l’administration romaine précédente, dirigée alors par la droite. Selon une dynamique que les amateurs de dominos apprécieront, cette interpellation a poussé vers la sortie deux adjoints de la municipalité: Daniele Frongia, qui conserve cependant sa délégation aux Sports, et Salvatore Romeo.
Le parti se prononcera en amont sur les nominations à la mairie de Rome
Pire, la police vient de perquisitionner la mairie, relaie Marianne. Elle doute de la régularité de certaines nominations. C’est d’ailleurs sur ce dernier point que Beppe Grillo, le chef du M5S, a émis les plus vives critiques à l’égard de sa militante. Il ne s’en tient d’ailleurs pas seulement à la parole car il a annoncé que désormais "les décisions importantes, comme les nominations" seraient visées par le parti au préalable.
L’ancien humoriste a évoqué un "changement de braquet" afin de "réparer les erreurs, de ne plus laisser place au doute" tout en confirmant l’appartenance de Virginia Raggi au M5S.
L'enjeu est double
L’enjeu est lourd pour cette formation politique, actuellement deuxième mouvement d’Italie et en pleine ascension électorale dans un pays lassé des compromissions politiques ou judiciaires de ses dirigeants, qui espère triompher lors des législatives se profilant après le renoncement du président du Conseil Matteo Renzi à la suite de la victoire du "Non" au référendum constitutionnel début décembre. L’affaire Raggi est aussi un affront personnel pour Beppe Grillo, qui se veut le champion de l’honnêteté en politique. Il s’interdit d’ailleurs de concourir personnellement à un éventuel mandat à cause de sa condamnation pour "homicide involontaire", en 1981, conséquence d’un accident de la route ayant coûté la vie à trois personnes. S’il n’a pas, pour le moment, exclu Virginia Raggi, la position de celle-ci reste précaire. Comme le note Libération, il a pensé à la virer du Mouvement 5 Etoiles avant de changer d’avis.
Les scandales politico-judiciaires accablent de toutes parts les Italiens. Ce vendredi, le maire de Milan, Giuseppe Sala, du Parti démocrate, avait ainsi annoncé sa décision de ses suspendre lui-même de ses fonctions. Son rôle éventuel en lien avec un appel d’offres frauduleux dans le cadre de l’Exposition universelle hébergée par Milan en 2015 pose question.